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A31 bis : « On veut brader la Lorraine nord », dénonce le maire de Terville


Patrick Luxembourger : « Pourquoi rien n’est possible sinon des solutions d’avant-hier pour nos problèmes de demain ? » (Photo RL/Pierre Heckler)

À quelques jours de l’ouverture de la concertation publique autour du projet d’A31 bis, le maire de Terville ne décolère pas et organise un contre-débat, au 112.

« Douze ans de travail jeté aux orties. Quel mépris ! », voilà comment Patrick Luxembourger, le maire de Terville, résume l’attitude de l’État dans le dossier A31 bis. Une vive réaction à la fois aux conséquences directes pour Terville de certains des scénarios mis en avant dans la concertation qui démarre mardi à Metz et à l’inconséquence du projet selon lui face à la nécessité d’apporter une réponse efficiente à la question des mobilités en Lorraine nord.

Qu’attendez-vous de la concertation qui démarre ce mardi à Metz ?

Honnêtement rien ou presque puisque le gouvernement a déjà annoncé ce qui allait se passer. C’est d’ailleurs assez extraordinaire : partout ailleurs sur le territoire, on mène des expérimentations audacieuses et en Lorraine, singulièrement en Moselle nord, on va se contenter de transformer les habitants en cobaye d’une expérience sur le covoiturage !

Définitivement, l’A31 bis ne vous semble pas constituer un élément de réponse possible aux problèmes de mobilités en Lorraine nord ?

Un élément. Mais ce n’est pas ce qui est avancé ! Dans le document de présentation de la concertation, il est écrit noir sur blanc que « la mise à 2×3 voies de l’A31 est le scénario qui permet d’atteindre un bon niveau de service et d’anticiper la saturation de l’axe en offrant, à long terme, des temps de parcours fiables », je me demande si c’est une plaisanterie. Ils écrivent « LE scénario » et « à long terme » ! Je dis non : l’A31 bis sera l’un des éléments de solution parmi d’autres dans un projet phasé tenant compte des réponses à apporter à court, long et moyen termes, faute de quoi rien ne se fera.

L’impact des variantes F3 et F10 sur le développement de Terville est à l’origine de votre colère ?

Mais pas seulement. Ceci dit : nous nous sommes comportés de manière courageuse en apportant des solutions. Nous travaillons de manière cohérente depuis une douzaine d’années, des discussions sont engagées depuis trois ans sur ce dossier et quoi ? On jette tout à la poubelle sans la moindre explication. Ensuite on poursuit un chantage auprès des élus qu’on peut résumer ainsi : « Si vous ne vous mettez pas d’accord entre vous, il n’y aura rien du tout ! ». C’est inacceptable : le projet actuel enfermera Terville entre l’autoroute et l’autoroute. On veut nous encapsuler dans du CO2 en proposant des solutions d’avant-hier aux problèmes de demain.

Quelles autres solutions sont possibles selon vous ?

Ce qui est certains, c’est que rien de bon ne viendra du Nord. Les Luxembourgeois ont trouvé une solution, eux : faire passer les gens de l’autre côté de la frontière ! C’est cela que l’on veut ? Il y a des accords secrets en préparation avec le Grand-Duché ? On veut brader la Lorraine nord comme autrefois la Louisiane ? Soyons sérieux : voilà des années que l’on réfléchit à des solutions alternatives de transport. Elles existent et les lignes sont en train de bouger sur ces questions mais il faudra une volonté forte et des structures adaptées pour les porter.

Mardi soir, vous organisez un débat autour du projet d’A31 bis au 112 à Terville, le soir même du lancement de la concertation à Metz. Hasard du calendrier ?

Le fait est que les dates coïncident mais ce n’était pas le but. L’intention est la suivante : dans ce dossier, il faut que les habitants, le tissu économique, tout le monde se mobilise pour faire connaître à l’État combien ce qui se passe est inadmissible. Le mépris dans lequel a été tenu le travail que nous, élus, avons conduit montre bien que nous sommes sans aucune prise sur les arbitrages qui vont être rendus. Les populations doivent se mobiliser et le débat de mardi sera une première occasion de s’exprimer…

Entretien avec Hervé Boggio (Le Républicain Lorrain)