Dragan P. avait participé au braquage d’une bijouterie à Schifflange, en 2012, ce qui lui a valu une peine de 6 ans de réclusion, prononcée en mars 2018. Une peine trop lourde pour le condamné, qui explique avoir été roué de coup de batte de baseball par le bijoutier le soir du braquage… en gros, il a déjà bien donné !
« Je suis désolé pour tout ce qui s’est passé. J’aimerais m’excuser… Je souhaite sortir de prison pour rejoindre ma famille en Serbie. » Dragan P. (47 ans) ne conteste ni les faits ni les infractions retenues par la chambre criminelle. Ce que le quadragénaire a demandé, hier après-midi, à la barre de la Cour d’appel c’est une réduction de peine. Pour lui, six ans de prison ferme c’est bien trop. Au regard des coups de batte de baseball qu’il a encaissés le 30 mai 2012.
Cette nuit-là, trois à quatre individus avaient attaqué une bijouterie à Schifflange dans la rue de la Libération. Alors qu’ils tentaient de s’enfuir avec des bijoux d’une valeur de 37 000 euros, Dragan B. s’était retrouvé durant quelques instants entre les griffes du bijoutier.
Les cris de l’individu sont bien audibles…
«Les coups de batte sur la chaussée sont bien audibles. Les cris poussés par l’individu frappé au sol aussi», appuyait hier Me Eric Says. Alors que la pièce figure au dossier, la Cour d’appel a accepté de regarder la scène qu’un voisin avait filmée avec son portable.
N’empêche que Dragan P. est resté très peu loquace sur l’organisation de l’expédition : «À l’époque j’avais beaucoup de problèmes de drogue.» «Mais il a bien fallu organiser une voiture?! Pourquoi êtes-vous venu au Luxembourg depuis l’Allemagne?», a tenté de creuser la présidente. Sa réponse : «Je n’étais pas conscient que j’étais au Luxembourg…»
Même en l’interrogeant plus précisément sur le soin de ses blessures, la Cour d’appel n’en apprendra pas plus : «Cela faisait mal. Mais je ne me rappelle pas ce que j’ai fait. Je ne crois pas que je me suis fait soigner dans un hôpital…»
Dans sa plaidoirie, Me Says a demandé à la Cour d’appel de prendre en compte la «peine naturelle» subie par son client sur les lieux du crime : «La victime s’est déjà faite justice elle-même… à un moment où il n’y avait plus de danger pour le bijoutier et sa famille, car les cambrioleurs étaient en train de prendre la fuite.»
«On ne fait pas le procès de la victime»
«On n’est pas là pour faire le procès de la victime», a vite recadré la représentante du parquet général les débats. Et de soulever : «Monsieur a encaissé quelques coups. Mais c’est un fait qu’on parle d’un braquage de bijouterie commis par trois à quatre personnes. Le butin d’une valeur de 37 000 euros n’a jamais été retrouvé.»
Difficile pour le ministère public d’envisager une réduction de peine. «Monsieur dit être toxicomane, mais ce n’était pas un petit vol à l’étalage d’un toxicomane. C’était bien organisé.» Les cambrioleurs avaient en effet utilisé une voiture volée quelques jours plus tôt dans la région de Francfort. Une patrouille de police avait retrouvé l’Opel Astra des fuyards une heure après le cambriolage. À côté d’une masse, les agents avaient aussi retrouvé deux lampes de poche au sein de l’habitacle. Les traces ADN avaient permis d’identifier deux hommes. Le premier homme identifié, Ljubinko D. (52 ans), a été jugé par défaut fin 2016. Dragan P., quant à lui, a été extradé en juillet 2017 d’Espagne avant d’écoper en mars 2018 en première instance de six ans de réclusion.
«La fourchette des peines pour ce type d’infraction prévoit entre cinq et dix ans de prison. Je suis d’avis que les six ans de réclusion pour Dragan P. sont adaptés», a conclu la représentante du parquet général. Vu les gravité des faits et son casier judiciaire qui renseigne d’une peine de prison ferme en 2000 en Belgique, aucun sursis ne serait possible, estime -t-elle.
La Cour d’appel rendra son arrêt le 24 octobre.
Fabienne Armborst