Olivier Thill et Danel Sinani ont illuminé ce mois de septembre de leur classe. Mais ils ont encore tant de choses à faire avant octobre et le Belarus.
Le début de la grande aventure, c’est maintenant. Sitôt remis le pied sur le sol luxembourgeois, Olivier Thill et Danel Sinani, 21 ans tous les deux, sont passés à tout autre chose. De pas plus important que la sélection mais de quand même plus exaltant qu’un match à Saint-Marin.
Le premier, qui comptait profiter d’une demi-journée de tranquillité en famille avant de reprendre le chemin de la Russie, a vite compris que son club espérait le titulariser contre le CSKA Moscou, samedi, en championnat. Et qu’il y a donc urgence à le rapatrier en Russie. Il a donc quitté ses partenaires en courant pour aller retrouver sa copine et sa valise-déménagement dans le hall du Findel, profitant de… dix petites minutes d’intimité avant de resauter dans un avion pour Oufa via Francfort. Le second est lui passé en mode Europa League. On n’a toujours pas bien compris s’il savait que son F91 est censé jouer Strassen ce week-end, mais il n’a pratiquement que le mot Milan AC à la bouche en ce moment. «Au début, pour être honnête, j’y pensais tous les jours. Maintenant, je pense surtout à la récupération. Parce que tout le monde rêve de jouer un match comme ça.»
Prendre les rênes de l’attaque
Cet été, Thill et Sinani les ont multipliés, les grands matches. Et ils les ont transformés en gros matches. Jusqu’à cette semaine de sélection, qui les a vus prendre à deux les rênes du secteur offensif des Roud Léiwen avec une autorité qui semble naturelle. «Il y a là une très grande génération qui commence à pointer le bout du nez, les a adoubés Anthony Moris, admiratif depuis ses buts. C’est bien qu’ils s’affirment mais maintenant, il leur faut s’installer dans la continuité.»
La continuité, pour eux, c’est déjà les statistiques. Contre la Moldavie, Thill, c’est un but et une passe. Sinani, un but et deux passes. À Saint-Marin, Thill est à l’origine directe, sur une splendide feinte de corps, de l’ouverture du score. Sinani y est allé de son pion, le cinquième en quatre matches internationaux puisqu’il avait déjà frappé trois fois contre Cluj avec le F91. Deux frères pétards!
Thill dans la boulimie de travail
«Ça se passe bien, mais je travaille pour ça», sourit Sinani, qui a, depuis mardi, sa propre chanson sur l’air de Ti amo. «Je l’aime beaucoup», rigole-t-il. Alors qu’il ne sait pas encore quel sort lui réserve Dino Toppmöller (peut-il fêter sa première titularisation en championnat cette saison, dimanche, ou sera-t-il logiquement ménagé?) mais tiens à redire «que la DN, c’est très important», Thill est lui plus dans l’hyperactivité, dans la boulimie de travail. Désireux de vite commencer les cours de russe – il s’est aperçu que communiquer serait très très compliqué à Oufa, sans ça –, il veut croquer dans sa vie de néopro : «Je peux être fier de moi sur ce que j’ai montré en sélection. Je ressens que je vais mieux sur le terrain même si je ne peux pas l’expliquer. Je me pose moins de questions et je sais que je vais encore progresser. Avec tous ces vols en avion, j’aurais bien besoin d’un peu de repos mais l’euphorie m’aide et ma chance, c’est qu’en ce moment, à Oufa, cela ne va pas très fort.»
Thill ne veut pas s’arrêter, Sinani gère tranquille. Deux versions insolentes du futur offensif de la sélection luxembourgeoise.
Julien Mollereau