L’Union européenne ne protège pas assez ses citoyens contre la pollution atmosphérique, et la plupart de ses États membres ne « respectent toujours pas les normes » en la matière, a déploré la Cour des comptes européenne dans un rapport publié mardi.
« Au cours des dernières décennies, les politiques de l’UE ont contribué à faire diminuer les émissions, mais la qualité de l’air ne s’est pas améliorée au même rythme, et les effets sur la santé publique restent considérables », a commenté Janusz Wojciechowski, responsable du rapport au sein de la Cour. Selon des données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution atmosphérique est le principal facteur environnemental de risque sanitaire dans l’UE, où elle provoque chaque année quelque 400 000 décès prématurés.
Dans des pays comme la Bulgarie ou la Hongrie, le nombre moyen « d’années en bonne santé perdues à cause de la polution atmosphérique » est supérieur à celui constaté en Chine ou en Inde, souligne la Cour des comptes, chiffres de l’OMS à l’appui. « Les normes de qualité de l’air de l’UE ont été fixées il y a près de 20 ans, et les auditeurs ont observé que certaines d’entre elles sont à la fois nettement moins strictes que les lignes directrices de l’OMS et trop peu contraignantes au regard des dernières données scientifiques », écrivent les auditeurs.
Pas suffisamment d’efforts entrepris
Quant au contrôle par la Commission européenne des actions des États membres, il « se heurte à certaines limites », constatent-ils, les actions en justice de Bruxelles n’ayant pas mis fin aux dépassements des valeurs limites. « La plupart des États membres ne respectent toujours pas les normes de qualité de l’air de l’UE et n’agissent pas avec une efficacité suffisante pour améliorer la qualité de l’air », observent les auditeurs. Ces derniers recommandent notamment « une action plus efficace de la part de la Commission européenne » et « une actualisation de la directive sur la qualité de l’air ambiant », ainsi qu’ « une amélioration de la sensibilisation et de l’information du public ».
En mai, la Commission européenne a décidé de renvoyer six États membres devant la justice, après des mises en gardes infructueuses depuis 2005. Elle reproche à l’Allemagne, à la France et au Royaume-Uni de ne pas respecter les limites fixées pour les émissions de dioxyde d’azote (NO2), qui s’échappent des pots d’échappement et étouffent les agglomérations congestionnées. La Hongrie, l’Italie et la Roumanie sont elles mises en cause pour la présence élevée et persistante de particules fines (PM10), ces matières (poussière, fumée, suie, pollen) présentes dans l’air dont la concentration est aggravée par la pollution.
LQ/AFP