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Cadenas de l’amour : des cœurs à pendre à Luxembourg


Les rambardes de la Corniche inspirent les amoureux à se jurer l'éternité. (photos Sophie Kieffer)

La folie des cadenas de l’amour a atteint le Luxembourg depuis plusieurs mois déjà. L’administration communale de la capitale les tolère tant qu’ils ne détériorent pas l’espace public.

Il existe autant de preuves d’amour qu’il existe d’histoires d’amour. Mais il en est une plutôt encombrante, quoique charmante : le phénomène des cadenas de l’amour. Quand on est amoureux, on a envie de le crier à la terre entière et que ça dure. Toujours. On a envie que l’autre nous soit à jamais attaché. Ou cadenassé. Parce que notre boulet, on l’aime. Alors avant ou après les fiançailles, le mariage, le PACS, la naissance du premier enfant, certains font le rituel du cadenas de l’amour.

En couple, dans une ville ou un endroit perçu comme romantique, on accroche un cadenas sur la rambarde d’un pont ou d’un point de vue. Cadenas, souvent en forme de cœur, sur lequel sont inscrits les prénoms du couple et une date qui peut être la date de rencontre, de mariage ou de fiançailles. Puis, symboliquement, on jette la clé par-dessus la rambarde pour ne plus jamais pouvoir ouvrir ce cadenas. En cas de séparation, une bonne scie à métaux fera l’affaire, mais au moment d’accrocher le cadenas, on ne pense pas à cela.

amour

Né en Serbie, ce phénomène en passe de devenir une tradition existe sur le pont Most Ljubavi depuis la Première Guerre mondiale.

À Paris, le pont des Arts a failli crouler sous le poids des 700 000 cadenas qui y avaient été accrochés. En 2014, une grille a rompu. La mairie a décidé d’enlever définitivement les cadenas le 1er juin 2015 et de remplacer les grilles par des panneaux en verre, rendant impossible tout accrochage. Les cadenas récupérés ont été vendus aux enchères le 13 mai 2017 pour 250 000 euros au profit de trois associations mobilisées dans l’accueil et l’accompagnement des réfugiés.

La pratique est combattue en Italie. L’accrochage de cadenas est passible d’une amende à Rome. À Taïwan, ils sont votifs et interviennent dans tous les domaines. Mais l’utilisation la plus belle des cadenas est celles des arbres d’amour sur le pont Loujkov à Moscou. Les branches des arbres métalliques servent à suspendre les cadenas.

La Ville : pour ou contre ?

Quid de Luxembourg ? Le phénomène y est moindre, mais des cadenas apparaissent sur les rambardes un peu partout dans la vieille ville. Et plus particulièrement sur la Corniche, d’où l’on a un beau point de vue sur le Grund, le rocher du Bock et le plateau du Rham. Ces cadenas sont tolérés jusqu’à un certain point.

«Selon le règlement de police de la Ville de Luxembourg, il est interdit de fixer des objets dans l’espace public sans autorisation du bourgmestre , explique la responsable du service communication et presse de la Ville, Patricia Kariger. La Ville de Luxembourg se réserve le droit de les enlever.» La stabilité de la rambarde n’est pas menacée.

Si la pratique est innocente, elle peut détériorer les infrastructures publiques. «Actuellement, le service voirie de la Ville de Luxembourg retire les cadenas là où ils abiment les grilles et les rambardes. Là où ils rouillent ou attaquent la protection anticorrosion», précise Patricia Kariger.

Bref, pour l’instant, les cadenas de l’amour ont encore de beaux jours devant eux au Luxembourg.

Sophie Kieffer