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[Europa League] Le F91 élimine le Legia Varsovie, le rêve continue


Entre les Dudelangeois et le miracle se dressent désormais les Roumains de Cluj. (Photo Luis Mangorrinha)

Le F91, qui ne méritait même pas de concéder le match nul, jeudi soir au stade Josy-Barthel (2-2), contre le Legia Varsovie en match retour, est désormais aux portes des poules.

L’image est forte et elle marquera cette campagne européenne du F91 quelle qu’en soit l’issue : à la 75e minute, au moment où le F91 choisit de passer à cinq derrière pour défendre son dû, en faisant entrer Bisevac – l’homme qui prouve que son recrutement a encore passé un cap –, l’intégralité des fans du Legia présents malgré l’interdiction de déplacement de l’UEFA, a décidé de tomber les maillots. C’est torse nu, en signe de protestation autant que de résignation, qu’ils ont fini cette double confrontation que leurs joueurs ne méritaient pas de gagner.

Parce qu’il subsiste en chaque suiveur du foot luxembourgeois un fond de mauvaise conscience quand tout se passe bien, un certain devoir de réserve nous oblige à dire que ce qui sépare le F91 de la perfection à la fin de sa première période, c’est qu’il devrait mener 4-0, et non pas 2-1. C’est peut-être encore ce qui sépare un club et des joueurs totalement pros de cette esquisse de grandeur que nous offre Dudelange.

Pourtant, trouver un seul spectateur présent au stade Josy-Barthel qui n’ait pas été bluffé par la performance des hommes de Dino Toppmöller après 45 minutes relèverait de l’exploit. Ils avaient déjà quasiment tout maîtrisé au stade du maréchal Jozek-Pilsudski la semaine dernière ? Ils y ont ajouté un sens de la conquête et des options de jeu qui font mal. La très lente défense du Legia en sait quelque chose : à chaque fois que Turpel ou Stumpf ont pu prendre la profondeur, il y a eu énorme danger. Partir sur un coup de reins, c’est peut-être ce que Turpel sait faire de mieux dans la vie. Celui de la 8e pour semer tout le monde et servir Stumpf plein axe sur un plateau (1-0) est un modèle du genre, qui prouve aussi qu’un champion de Pologne peut-être aux abois sur un simple ballon long, avec marquage défaillant et couverture en bois (Pazdan a suivi plutôt que de rester plein axe).

Mais le F91 ne s’est pas contenté de jouer long. Surtout pas. La possession aussi, lui sied aussi bien qu’à un (relativement) grand d’Europe. La délicieuse remise de Turpel pour Stlevio, sur un une-deux d’école à l’entrée de la surface (2-0, 18e), vient aussi récompenser tout ce pan du travail de possession de cet impressionnant Dudelange.

Même dans la gestion, ils sont bons

La réduction du score imméritée du Legia sur sa seule action véritablement construite de la première période (2-1, 34e), nous a très logiquement offert une deuxième période complètement différente, avec le retour de valeurs telles que la résistance ou la solidarité, qui ont remis tout le monde dans un environnement connu, parce que plus fidèle à l’ordinaire local.

Enfin de la souffrance et de la sueur après trois mi-temps d’une éclatante démonstration que personne n’attendait, et surtout pas la Pologne.

Dans une ambiance rendue intense par la présence des quelque 300 fans du Legia (encore habillés à ce moment-là), le F91 n’a pas non plus énormément souffert et sa gestion du temps fort de son adversaire en dit d’ailleurs presque aussi long sur sa maturité. La plus grosse occasion est d’ailleurs pour lui : un excellent centre de Jordanov sur lequel Stumpf est un poil trop court et Turpel dans une position trop compliquée pour pousser au fond du but vide (70e).

C’était une balle de match. Mais ç’aurait été trop… Trop quoi d’ailleurs ? Trop facile ? Oui, c’est ça : trop facile. C’est sans doute bizarre de dresser ce constat, mais cette qualification est d’une merveilleuse logique. Il manquait un peu de souffle épique ? Carlitos, à l’entrée de la surface, a ajouté un second but sorti de nulle part le long du poteau (2-2, 86e) pour conserver un peu de ce suspense qui ficèle les grandes et belles tragédies. Il fallait bien que ça laisse une trace, un sentiment de merveilleux. Jusqu’ici, le F91 était bien trop grand. Et il aura l’occasion de devenir immense, dans deux semaines : le voilà à une marche de la phase de poules. Personne avant lui au pays n’est allé aussi loin. Entre eux et le miracle se dressent désormais les Roumains de Cluj, mais c’est encore si loin…

Julien Mollereau