Fin 2017, le pays comptait 182503 frontaliers allemands, belges et français, un chiffre en hausse année après année, constate le Statec dans une étude publiée hier. Sur le plan des rémunérations, ils ne sont pas tous lotis à la même enseigne, les frontaliers belges gagnant en moyenne davantage que leurs collègues allemands et surtout français.
Une évidence : les frontaliers sont indispensables au fonctionnement économique du pays. Ils pèsent aujourd’hui 45 % des personnes travaillant au Luxembourg et 2 000 d’entre eux sont même employés dans la fonction publique. Au total, la population active luxembourgeoise se monte à 432 400 personnes, occupant des emplois salariés ou non.
Selon les chiffres révélés hier par une étude du Statec, 182 503 frontaliers travaillaient au Grand-Duché fin 2017 contre 177 789 en 2005. Les Français sont de loin les plus représentés avec près de 95 000 salariés pesant 52 % du total des frontaliers. Allemands et Belges sont à égalité, pesant chacun pour 24 % des frontaliers employés au Luxembourg. Cela fait quelque 44 000 Allemands et autant de Belges.
Ces chiffres sont en constante augmentation depuis le début des années 70 où le nombre des frontaliers était encore marginal (11 400 en 1974). Le véritable bond a eu lieu dans les années 90 alors que la place financière montait en puissance, entraînant pour le pays une ère de prospérité qui ne s’est pas démentie depuis : de 35 000 en 1990, le nombre de frontaliers était passé à plus de 90 000 en 2000, soit un quasi triplement en dix ans.
Dans son étude publiée hier, l’institut national de statistiques s’est plus particulièrement penché sur la période entre 2005 et 2017 où le nombre de frontaliers a augmenté en moyenne de 3,5 % par an. «La crise économique de 2007/2008 ne semble avoir eu qu’un impact limité» sur l’emploi frontalier, analysent les statisticiens. En revanche, notent-ils, «pendant les deux dernières années, la hausse du nombre des frontaliers a accéléré : +4,1 % en 2016 et +3,5 % en 2017».
Français : des activités moins bien rémunérées
Ces hausses ont quelque peu modifié la part des frontaliers selon leur nationalité : si la part des frontaliers français est restée stable entre 2005 et 2017 (52 %), celle «des ressortissants de l’Allemagne a augmenté de 22 % à 24 %», tandis qu’au «cours de la même période, celle des frontaliers belges a baissé de 27 % à 24 %.»
Mais, note le Statec, «le salaire annuel moyen (sans cotisations sociales à la charge des employeurs) des frontaliers varie selon leur pays d’origine. En 2017, les frontaliers français touchent environ 10 000 euros de moins par année que leurs collègues belges et presque 7 000 euros de moins que leurs collègues allemands.» Pour l’institut public de statistiques, «cette différence s’explique par le fait que les frontaliers français», les plus nombreux, «sont surreprésentés dans des activités moins bien rémunérées comme le secteur de l’horesca, le commerce ou le travail intérimaire».
En 2017, les rémunérations versées aux 182 000 frontaliers allemands, belges et français se montaient à 10,6 milliards d’euros. Avec cette somme, le Luxembourg se place en troisième position en Europe pour les rémunérations versées aux travailleurs qui franchissent chaque jour sa frontière. La Suisse est en première place avec quelque 23 milliards d’euros en 2017, suivie en deuxième position par l’Allemagne avec quelque 15 milliards d’euros payés aux frontaliers. Mais, relève le Statec, «ces deux pays sont beaucoup plus grands que le Grand-Duché» et emploient donc davantage de frontaliers en chiffres absolus.
F. G.