Impossible de passer à côté, la Coupe du monde en Russie est l’évènement du moment, n’en déplaise à ceux qui n’aiment pas le ballon rond. Pourtant, cette Coupe du monde n’est pas uniquement sportive, mais également politique.
Pendant un mois, le monde entier a les yeux braqués sur la Russie de Poutine. Une Russie qui a réussi à dépenser la modique somme de 10 milliards d’euros pour organiser la grand-messe du sport le plus populaire au monde. Au passage, c’est vingt fois plus que le coût de la Coupe du monde 2006 en Allemagne, qui avait coûté la «ridicule» somme de 500 millions d’euros, ou encore trois fois plus que la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud (coût estimé à 3 milliards d’euros), ou même environ 2 milliards de plus que la Coupe du monde 2014 au Brésil.
Bref, malgré la crise économique qui frappe le plus grand pays du monde et un rouble qui n’arrête pas de perdre de sa valeur, la Russie s’offre le luxe de dépenser une somme folle pour montrer au monde entier que le pays est solide.
Autre subtilité, la participation de la ville de Kaliningrad, qui accueille plusieurs rencontres de la compétition. Capitale de l’oblast de Kaliningrad, une enclave russe coincée entre la Lituanie et la Pologne, la ville reste un territoire stratégique pour la Russie qui garde ainsi un pied sur le Vieux Continent. Vladimir Poutine, qui n’est pas un grand amateur de football, veut montrer que la Russie ne fait pas partie des «méchants» puisqu’elle accueille un événement qui n’est que joie, mélange des cultures, fairplay et respect.
Autant le dire, on est à des kilomètres des clichés négatifs véhiculés par les tensions géopolitiques des dernières années avec la Russie, de son implication dans le conflit ukrainien, de l’annexion de la Crimée ou encore de l’étrange jeu russe en Syrie. On appelle ça faire du «soft power», c’est-à-dire montrer la puissance d’un pays sans pour autant utiliser la force, ou alors uniquement la force de l’image. Mais rassurez-vous, la Coupe du monde en Russie sera vite dépassée par celle au Qatar, qui devrait dépenser entre 15 et 20 milliards d’euros pour organiser la prochaine édition et renforcer une position géopolitique houleuse au Moyen-Orient.
Jeremy Zabatta