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Luxembourg : un chauffeur de taxi poursuivi pour outrage envers policiers


Le parquet a requis un mois de prison ferme et une amende contre le quinquagénaire. La raison? Son comportement agressif lors d'un contrôle de police. (Illustration : archives lq)

Cela devait être un simple contrôle de police ce 30 août 2016, avenue de la Liberté dans la capitale. Mais cela a dégénéré. Le chauffeur de taxi s’est retrouvé, lundi matin, devant le tribunal correctionnel poursuivi pour outrage envers agents. Et l’outrage à magistrat a failli venir s’ajouter…

«Ici ce n’est pas l’IGP (NDLR : lnspection générale de la police). Vous arrêtez avec vos allégations contre les policiers. Le tribunal se trouve saisi des faits qu’on vous reproche.» C’est un tribunal armé de beaucoup de patience qui a entendu le prévenu de 51 ans, lundi matin. Le quinquagénaire n’a en effet pas mâché ses mots pour s’en prendre aux policiers avec qui il dit avoir régulièrement affaire depuis 2001. Extraits : «Ils abusent de leur pouvoir.» «Ils se prennent pour des dieux sur terre.» «Si vous continuez à soutenir ce genre d’abus, ne vous étonnez pas s’il y a des problèmes…» – «Vous êtes au bord de l’outrage à magistrat», a fini par l’avertir le président.
– «Vous ne me laissez pas dire ce que j’ai vécu. Vous avez le pouvoir. Vous avez le pain et le couteau…» Pour sauver les meubles, c’est finalement son avocat qui a pris la parole. Le prévenu, quant à lui, a été congédié sur le banc.

Les faits sur lesquels se penche la 18e chambre correctionnelle remontent au 30 août 2016. Il est autour de 16 h quand une patrouille de la police de la route observe un taxi stationné sur le trottoir en face d’une banque. Au retour de son conducteur, les agents décident de le contrôler. Ils l’invitent à décliner son identité et à présenter ses documents de bord. Mais ce dernier s’obstine à leur dire de lui montrer leur carte de police.

Extirpé de son véhicule avec une clé en croix

Impossible pour les agents d’immobiliser plus longtemps la Mercedes Viano dans cette artère. En accord avec le parquet, une dépanneuse est finalement appelée. Le conducteur n’obtempère toujours pas. Même lorsqu’il se trouve sur la dépanneuse et que l’un des agents lui montre sa carte… Toujours depuis son véhicule, le chauffeur de taxi filme une partie de l’intervention policière avec son portable. Il appelle également l’IGP pour se plaindre… À la fourrière, sa vitre passager est cassée à l’aide d’une clé en croix. Puis il est finalement extirpé de force de son véhicule.

Le parquet reproche au quinquagénaire d’avoir outragé par gestes et menaces les agents jusqu’au poste de police. D’après leurs témoignages lundi à la barre, il ne leur aurait pas seulement adressé un doigt d’honneur. Les menaces auraient également fusé. «Si je vous vois une fois dans la rue, je vais vous tuer… si ce n’est pas moi, je connais des personnes.» L’agent a indiqué avoir pris très au sérieux ces propos.

Le prévenu avait préparé toute une série de questions à un policier. Ne recevant pas de réponses, le prévenu a fini par lancer au président : «Vous le couvrez!» Le parquet n’avait pas perdu une miette de cet échange et a mis son avocat en garde : «Calmez votre client. Il risque d’autres poursuites…»

Le parquet requiert un mois de prison ferme

Pour Me Mbonyumutwa, il n’y a pas lieu de condamner son client. S’il ne cache pas qu’une certaine animosité règne entre son client et les forces de l’ordre, il estime toutefois que ce jour-là il n’y a pas eu d’infraction. «Quand on n’a aucune raison d’arrêter quelqu’un et qu’on crée soi-même les conditions de l’outrage, on ne peut pas dire ensuite qu’il y a outrage.»

Le représentant du ministère public a balayé les arguments de la défense : «Les agents de police sont autorisés à soumettre chaque usager de la voie publique à un contrôle pour vérifier son permis, son assurance.» Bref, le contrôle aurait été complètement légal. «Les agents de police n’ont pas besoin d’être traités de la sorte lorsqu’ils accomplissent leur devoir!» Après avoir égrené le casier judiciaire du prévenu qui grouille de condamnations, le substitut principal a constaté : «Il a un sérieux problème pour respecter l’autorité judiciaire et policière.» Dans cette nouvelle affaire, le parquet requiert 2 000 euros d’amende – soit le maximum de la peine possible – ainsi qu’un mois de prison sans aménagement. «Le sursis, il ne l’a pas mérité», conclut-il.
Prononcé le 28 juin.

Fabienne Armborst