Fini le sombre et le trash! Dans Down with the Kids, le français Dav Guedin raconte, à travers de petits portraits touchants, son expérience d’animateur et les enfants qu’il a encadrés.
Comment doit-on comprendre le titre de cet album?
Dav Guedin : Down with the Kids signifie se mettre à hauteur des enfants. Après les premières parutions dans AAARG! (NDLR : magazine depuis disparu), il a fallu trouver un titre. Au début, je voulais appeler ça « Paroles de gosses », mais finalement, avec le rédacteur en chef, on est tombés d’accord sur ce titre en anglais. Pas sûr qu’il parle à tout le monde, mais j’aime assez cette idée d’horizontalité.
En effet, rapidement, on comprend que vous aimez la compagnie des enfants. Vous dites même, en avant-propos, que vous les préférez aux adultes…
J’ai commencé à bosser avec des enfants dès mes 16 ans. C’est vrai, ma mère est institutrice, elle m’a sûrement transmis sa passion… C’est d’ailleurs elle qui m’a pistonné! Ce que j’aime le plus chez eux, c’est leur fraîcheur, le fait qu’ils ne soient pas encore formatés. Oui, leurs parents leur ont déjà mis des trucs dans la tête, mais ce n’est pas encore figé. Les dernières années, j’ai travaillé avec des maternelles, âgés de 5-6 ans. Discutez avec eux : c’est juste incroyable ce qu’il se passe dans leur tête!
Quel enfant étiez-vous?
J’étais un gosse assez malin. C’est pour ça que les manipulateurs, je les vois arriver à des kilomètres à la ronde (il rit).
En tout cas, vous dites avoir grandi avec eux, tout en restant « gamin dans votre tête »…
J’ai l’impression d’être comme eux, tout en restant celui qui les ramène dans le droit chemin. Les enfants adorent les adultes qui déconnent, même s’ils savent aussi qu’on est là également pour les protéger, les éduquer… D’ailleurs, quand on grandit, on se donne des allures d’adulte, mais l’enfant que l’on était sommeille toujours en nous. Regardez les hommes politiques qui s’engueulent à l’Assemblée nationale : on est comme dans une cour de récréation!
Même gamin, mes potes, c’étaient toujours les prolétaires, les plus abîmés »
L’intérêt de Down with the Kids tient aussi au fait que vous héritiez toujours des enfants les plus difficiles à gérer… Ça vous a donné de la matière pour ce livre.
C’est sûr. J’ai toujours préféré les cas les plus durs. Même gamin, mes potes, c’étaient toujours les prolétaires, les plus abîmés, ceux qui vivaient toujours des histoires pas possibles… En même temps, ce sont ceux-là qui ont le plus besoin d’attention.
Les frères Guedin plongent le lecteur, depuis des années, dans des histoires sombres, très trash même… Pour le coup, vous le prenez à contrepied…
En prenant de l’âge, on s’adoucit. Et j’ai arrêté de travailler avec les enfants, alors, je ne pouvais pas tourner la page comme ça. Ce livre, c’est une sorte d’hommage. Ma mère doit être la première contente, elle qui nous dit tout le temps : « Vos BD, là, c’est sympathique, mais franchement, c’est un peu violent! ».
Pour couronner le tout, avec Down with the Kids, vous vous êtes mis à l’aquarelle…
(Il souffle) Plus jamais je n’en ferai! C’est la misère (il rit). Après coup, toutefois, avec les messages positifs que j’ai reçus, ça me manquerait presque. C’est joli au final, non?
Pour finir, avez-vous gardé des contacts avec certains enfants devenus grands, dont vous parlez dans cette BD?
J’ai adoré revivre, à travers cette BD, ces moments-là. Eh oui, j’ai gardé quelques contacts, comme Eva, Djekemin… Certains ont presque 30 ans aujourd’hui, et quand je leur ai demandé, via Facebook, si je pouvais les mettre dans mon livre, ils étaient ultracontents. Peut-être que d’autres se manifesteront d’ici là… Quand on sait que l’on a marqué, par notre comportement, notre bienveillance, notre humour, l’enfance de certains, c’est très touchant. On se sent comme un grand frère.
Entretien avec Grégory Cimatti.
Down with the Kids, de Dav Guedin.
Éditions Rouquemoute.