C’est parti pour Kanal-Centre Pompidou à Bruxelles. Ce nouveau lieu de l’art contemporain, fruit d’un partenariat entre le centre culturel parisien Beaubourg et la région Bruxelles-Capitale, ouvre ses portes samedi dans un ancien garage pour une « année de préfiguration » sur un mode résolument expérimental.
L’accord entre le Centre Pompidou, la région et son émanation, la Fondation Kanal, a été conclu pour dix ans. Le nouveau pôle culturel est installé dans l’ancien Garage Citroën, datant des année 30, une usine aux espaces impressionnants (38 000 m²) le long du canal de Willebroek, dans un quartier populaire en pleine transformation et en voie de gentrification. Le bâtiment, dont une annexe offre également un bel exemple d’architecture Art Déco, doit être reconverti par les cabinets noAarchitecten (Bruxelles), EM2N (Zürich) et Sergison-Bates (Londres), vainqueurs du concours. Un investissement de 125 millions d’euros pour la région Bruxelles-Capitale et un défi pour les équipes d’architectes tant la puissance et la mémoire du lieu sont présentes.
Selon la convention signée par les partenaires, Kanal-Centre Pompidou accueillera fin 2022 un musée d’art moderne et contemporain dont les collections permanentes et temporaires (deux par an) seront conçus par Beaubourg à partir de ses collections (près de 120 000 œuvres). Le Centre conseillera également Kanal pour sa programmation et la constitution de sa propre collection. Kanal-Centre Pompidou abritera également le Civa, centre d’architecture de Bruxelles, tout à la fois musée, bibliothèque et lieu de rencontre, ainsi que des espaces polyvalents.
Des œuvres de Tinguely, Donald Judd…
En attendant le début des travaux prévu à l’automne 2019, c’est un garage laissé dans son jus que doivent investir les créateurs. Pour le directeur du Musée national d’art moderne au Centre Pompidou, Bernard Blistène, commissaire général chargé de la programmation, « le bâtiment restera toujours le fil rouge. Il fallait trouver des œuvres en résonance avec ce lieu qui a quelque chose d’essentiel ». « Ce bâtiment vous tient en respect. Il faut la puissance des collections pour lui répondre », a renchéri le président du Centre Pompidou Serge Lasvignes, qui a affirmé son souhait de « travailler avec tous les acteurs de la scène bruxelloise ».
Dès l’entrée, le ton est donné : une immense rue traversante accueille une énorme sculpture de Tinguely. A gauche, est installée une version adaptée à la « belgitude » de l’Usine de Films Amateurs conçue par Michel Gondry : des décors emblématiques de Bruxelles – café, l’Atomium de l’exposition universelle de 1958… – prêts à l’emploi pour les cinéastes en herbe. Sans surprise, l’ancien atelier de tôlerie abrite un florilège de sculptures métalliques, de César à Donald Judd ou Pevsner. Une pièce de Thomas Goeritz voisine avec un pont-levant, une autre de Dewasne semble toujours avoir été là.
C’est la deuxième implantation du Centre Pompidou hors de France après celle de Malaga en mars 2015 et avant celle de Shanghaï au printemps 2019. La municipalité andalouse et Beaubourg ont renouvelé en février leur partenariat pour cinq ans, forts du succès public de cette installation qui a accueilli 500 000 visiteurs depuis son ouverture. Le Centre Pompidou a également conclu un accord pour cinq ans renouvelable avec le West Bund Group, un groupe public chinois, en vue de son installation à Shanghaï dans un édifice de près de 25 000 m² conçu par l’architecte britannique David Chipperfield.
Le Quotidien/AFP