Le code civil, c’est bien, mais parfois une bonne justice expéditive à coups de bâton est plus efficace, non? D’ailleurs, les médias devraient parfois se taire, car ils vont trop loin en révélant certaines affaires. Et puis, choisir entre dix candidats est compliqué, laisser le pouvoir à un leader un peu autoritaire, ça serait quand même plus simple, hein.
Pas très démocratique tout ça. Mais ne sommes-nous pas entré dans l’ère des démocratures? Officiellement, ce régime politique n’existe pas. Vous n’entendrez aucun chef d’État s’en réclamer. C’est mal vu. Pourtant, l’actualité regorge de pays appliquant ce régime mi-démocratique, mi-dictatorial. Des pays avec un parlement, des institutions et même des élections. Mais qui, à bien y regarder, confisquent le pouvoir, grâce à une mainmise pernicieuse sur les médias, une parodie de justice et la répression, l’air de rien, des contestataires…
Dernier exemple en date, la Russie. Il suffisait de voir le débat entre les candidats à la présidentielle. Pendant que des opposants éliminés d’avance se sont littéralement bagarrés en direct, le président sortant a boycotté le débat. Sa victoire étant déjà acquise, pourquoi se fatiguer à jouer le jeu démocratique?
En Égypte, c’est encore plus simple. Le candidat sortant Abdel Fattah al-Sissi était sûr de remporter la présidentielle : il avait pour seul adversaire un parfait inconnu… et partisan de Sissi. À peine un Égyptien sur trois a participé à ce simulacre de démocratie.
On pourrait citer encore un bon nombre de pays d’Amérique latine, du Golfe et d’Asie… La liste est longue. Hélas, au sein même de l’UE, on ne se prive plus de déplacer le curseur du mauvais côté. La Pologne qui s’attaque à l’indépendance de la justice, le pays des droits de l’homme qui s’enfonce dans l’état d’urgence, des ministres d’extrême droite qui débarquent au gouvernement autrichien… La démocrature est en marche. Les populistes sont à l’avant-garde, portés par un nombre croissant de déçus de nos «démocraties». Pour l’instant, il est toujours de bon ton d’afficher les atours de la démocratie, notamment pour faire affaire avec les «pays libres». Reste à craindre le moment où les démocratures n’auront plus besoin de porter un masque.
Romain Van Dyck.