Des dizaines de milliers de personnes défilent ce jeudi en France, pour défendre le statut des fonctionnaires et des cheminots, ainsi qu’un «service public de qualité» face aux réformes annoncées.
Des lycées étaient bloqués, des écoles fermées, le trafic SNCF «très perturbé», face à un gouvernement déterminé à réformer. Plusieurs milliers de personnes défilaient en milieu de journée sur la Canebière à Marseille, 5 000 à Grenoble, près de 10 000 à Nantes et 9 500 à Lyon. Mais également 1 300 à Auch, 2 300 à Reims, 1 800 à Saint-Nazaire, 4 500 à Perpignan, 1 600 à Foix ou encore 4 800 à Rouen, selon la police.
Partout, des fonctionnaires dont des personnels de la santé, des cheminots mais aussi des avocats, des retraités et des jeunes, protestaient ensemble contre les réformes du gouvernement. À Montpellier, en fin de cortège, une retraitée brandissait une pancarte proclamant «je cours moins vite qu’en 68 mais je gueule plus fort», en référence à la mobilisation des étudiants de Nanterre qui a lancé mai 68, il y a cinquante ans jour pour jour.
À Paris, où les défilés n’avaient pas commencé à 13h30, des échauffourées entre jeunes, parfois cagoulés, et policiers ont éclaté près de Nation. Des incidents ont aussi éclaté à Nantes, avec des interpellations. Environ 180 manifestations étaient annoncées en France par les sept syndicats de la fonction publique (CGT, FO, FSU, CFTC, Solidaires, FA-FP et CFE-CGC) pour réclamer, entre autres, une hausse du pouvoir d’achat. «Il ne peut y avoir de République sans colonne vertébrale, et la colonne vertébrale c’est le service public», a martelé le leader de FO, Jean-Claude Mailly, en déplacement à Marseille où il n’a pas manifesté.
35,4% de grévistes à la SNCF
«Il faut faire évoluer le service public mais pas pour le réduire, pour l’améliorer», selon Philippe Martinez (CGT). Côté cheminots, la colère est vive face à la volonté du gouvernement de réformer la SNCF par ordonnances, en en abandonnant notamment le statut de cheminots à l’embauche. Une «manifestation nationale» de cheminots, rejoints par une douzaine de partis de gauche (PCF, LFI, EELV, NPA…), devait quitter vers 14h30 la gare de l’Est. «Nous sommes ici près de 20.000», a dit au micro un des organisateurs. Le cortège devait rejoindre à Bastille celui des fonctionnaires au départ de Bercy. Parallèlement, les cheminots se sont mis en grève davantage qu’attendu à l’appel de l’Unsa et SUD (2e et 3e syndicats), avec un taux de 35,4% de grévistes selon la direction (à la prise de service).
Avant même la grève en pointillé lancée le 3 avril pour trois mois, la journée est marquée pas de fortes perturbations, notamment avec deux TGV sur cinq, un Transilien sur trois. La France «entre dans un moment de souffrance», avec les grévistes qui vont «perdre des journées de salaires» et «la vie quotidienne de millions de gens (qui) va être perturbée par la grève», a déclaré Jean-Luc Mélenchon (LFI). Deux sondages distincts montrent que les Français sont partagés sur ces mobilisations, les soutenant mais se prononçant également en faveur de la plupart des réformes menées par le gouvernement.
Le gouvernement affiche sa «très grande détermination»
Face à ce test social d’envergure, le gouvernement affiche sa «très grande détermination à poursuivre les transformations», selon le porte-parole Benjamin Griveaux. Sur la SNCF, «notre préoccupation est de nous assurer que les fils du dialogue et de la concertation sont toujours là». Quant aux fonctionnaires, des discussions sont prévues jusqu’à fin octobre, a rappelé le secrétaire d’État Olivier Dussopt, réitérant sa volonté d’être «à l’écoute» pour préserver un service public «de qualité».
AFP