Le prix du concours Lépine, véritable foire aux bonnes idées, a été décerné à trois Alsaciens pour un granulateur produisant de l’énergie alternative. Un Nancéien a présenté son invention : un porte-gobelet réfrigérant permet de boire frais pendant trois heures sans glaçon
N’avez-vous jamais été agacé par un gobelet en plastique qui se renverse, ou par des chaussettes qui perdent leur jumelle dans le tambour de la machine ? Heureusement, les inventeurs du concours Lépine ont trouvé la solution. Loin du cliché de l’inventeur fou, les candidats sont bien souvent des créatifs, qui ont rencontré un problème matériel du quotidien et ont décidé d’y remédier.
C’est le cas de Marc et Céline Demonfaucon, un couple de Nantais inventeurs du Poupoupidou : « On se déplace toujours à vélo, et ma femme porte souvent une jupe. Elle en avait assez de la voir s’envoler au moindre coup de vent, alors j’ai cherché ce qui se faisait sur le marché pour gérer le problème. Mais rien n’existait ! Alors on l’a fait nous-même », raconte l’inventeur souriant, habillé d’un kilt pour l’occasion. L’idée est simple : une pince qui se clipse sur la jupe et vient s’accrocher sous la selle à l’aide d’un aimant. Ainsi, la jupe est transformée en short.
Certaines idées peuvent paraître incongrues au visiteur lambda. Derrière ses coiffes à grandes oreilles, Annie Ettlinger intrigue. L’Alsacienne, qui concourt dans la catégorie « créateurs », présente des bonnets anti-mouches pour les chevaux : «C’est quelque chose qui existe déjà, mais que j’ai amélioré pour qu’il tienne bien en place». Chaque bonnet est crocheté par ses soins, avec la possibilité de personnaliser l’ouvrage. Une «taille cheval» représente pas loin de sept heures de travail.
Au détour d’une allée encombrée par les nombreux visiteurs, on trouve aussi les chaussettes colorées de Nathalie Hilt, d’origine lorraine. L’idée des Twin socks est simple, mais il fallait y penser. «Chaque chaussette est équipée d’un bouton-pression. Avant de les mettre à laver, il suffit de les accrocher entre elles pour être sûr de ne pas se retrouver avec une paire dépareillée». En participant au concours Lépine, elle espère surtout se faire connaître, et pouvoir profiter des services de conseil mis à la disposition des participants.
Un « éclair de génie »
Parmi les 600 inventions présentées cette année, certaines sont déjà bien avancées : grand stand, clips vidéo, multiples gammes… D’autres sont encore à l’état de prototype, mais leurs créateurs y croient. Christophe Iselin est venu de Nancy avec son Gob-up, sorti d’une imprimante 3D industrielle. Le porte-gobelet réfrigérant permet de boire frais pendant trois heures sans glaçon, et sans risquer d’écraser son verre ni de le renverser.
«Je faisais un barbecue, et j’étais embêté par le vent. Et là, j’ai eu un éclair de génie ! », raconte l’inventeur, derrière ses lunettes. « En attendant de le développer, ce sont des chouchous qui servent d’isolant, mais ça marche déjà bien !» Le dessinateur industriel n’avait jamais déposé de brevet avant celui du Gob-up, mais « être ici [lui] donne pas mal d’idées ». « J’espère rencontrer des gens qui croiront autant en mon projet que moi ! »
Hier soir, le jury a décerné pas loin de 250 prix. Celui du président de la République, décerné depuis 1901, a ainsi couronné parmi 600 propositions une unité mobile mise au point par trois Alsaciens âgés de 44 à 46 ans, Charles Herrmann, Philippe Durrhammer et Xavier Rémond, pour fabriquer, en plein champ, des combustibles à partir de résidus agricoles. Ils sont moitié moins cher que le fioul ou le gaz, énergies fossiles polluantes.
Florence Tricoire (Le Républicain lorrain)