Ressortez les vieux journaux et livres d’anticipation d’après-guerre. À cette époque, les progrès fulgurants de la science scientifique allaient transformer nos rêves en réalité : avant le XXIe siècle, l’humanité irait habiter sur une autre planète. On imaginait des colonies sur la Lune ou sur Mars, des voyages à dos d’astéroïdes, ou des rencontres du troisième type dans de lointaines galaxies.
Que reste-t-il de ce rêve ? Un réalisme, disons, plus terre à terre. Si quelques missions scientifiques comme celle de Thomas Pesquet dans l’ISS font encore briller les yeux des petits et grands, l’espace ne rassemble plus vraiment les foules devant le petit écran. Pourquoi s’intéresser à un énième lancement de fusée, si les voyages extraterrestres sont désormais l’apanage de passagers peu glamours comme des satellites de télécommunication ?
Bien sûr, des projets enthousiasmant de conquête spatiale existent encore. Celui du Luxembourg d’être un pionnier de l’exploitation minière des astéroïdes a effectivement de quoi faire rêver. Pensez donc au miracle technologique que représentait une prospection sur ces fragments d’étoiles filant dans le cosmos ! Mais il faut admettre qu’il s’agit d’un rêve où la conquête spatiale rime surtout avec rentrées fiscales.
Ce pragmatisme a-t-il totalement colonisé l’aventure spatiale ? Quand les explorateurs modernes les plus célèbres s’appellent Jeff Bezos et Elon Musk, on peut le penser… mais ces entrepreneurs sont aussi, d’une certaine manière, des rêveurs. Le premier, patron d’Amazon, travaille à de lucratifs vols touristiques dans l’espace. Mais il veut aussi y délocaliser les industries lourdes et polluantes, «pour sauver la Terre». Le second, patron de Tesla, vient d’envoyer une de ses voitures électriques dans l’espace, pour l’amour du «fun» et pour promouvoir les capacités de ses fusées. Mais il déclare aussi qu’il «est temps de partir à la conquête des étoiles», citant Constantin Tsiolkovski (un scientifique russe du début du XXe siècle) qui a dit que «la Terre est le berceau de l’humanité, mais l’humanité ne peut pas rester dans son berceau pour toujours».
Peut-être que ces «zinzins» de l’espace posent aussi, à leur façon, les jalons de ce voyage ?
Romain Van Dyck