Depuis quelques semaines, il se dit que PwC Luxembourg est à la recherche d’un ou de plusieurs terrains pour construire des logements afin d’y accueillir ses employés.
Ces murmures laissent planer beaucoup de suppositions sur les intentions de la société. Elles vont d’un retour du paternalisme, à l’image de ce qui se faisait à la grande époque de la sidérurgie où les ouvriers habitaient dans des maisons appartenant à l’entreprise, jusqu’aux opportunités d’investissement dans la pierre au Luxembourg. Interrogé par nos soins, le cabinet d’audit a souligné «l’existence de plusieurs pistes de réflexion sur le sujet».
PwC Luxembourg emploie environ 2 850 personnes au Grand-Duché (sixième employeur privé du pays) et recrute chaque année entre 300 et 500 jeunes diplômés et plus de 300 stagiaires et étudiants. L’entreprise est confrontée à la flambée des prix de l’immobilier et à l’augmentation du flux de déplacement des personnes se rendant quotidiennement au Luxembourg pour y travailler.
Les employés sondés
Concrètement, s’il veut s’installer au Luxembourg après avoir décroché un contrat de travail avec PwC, un expatrié devra encore réussir à trouver un logement. «Les prix au Luxembourg sont démentiels, souligne un employé des Big Four ayant fait le choix de la colocation dans la capitale. Pour un studio miteux de 10 m2 à Bonnevoie, il faut compter pas moins de 500 euros minimum.
En visant un studio sympa dans un quartier agréable comme Limpertsberg, Belair ou Cessange, il faut mettre au minimum 800 euros pour 10 m2. Alors qu’à Thionville, qui n’est qu’à 35 km, un appartement une chambre de 20 m2 coûte 300 euros par mois.» L’employé précise : «C’était le meilleur compromis, entre le prix du loyer, le trajet jusqu’au bureau et la qualité de vie. Beaucoup préfèrent perdre deux heures dans les transports en commun ou sur la route plutôt que de dépenser une fortune pour se loger convenablement. D’ailleurs, si cela continue, ça ne sera plus avantageux de venir travailler au Luxembourg et encore moins d’y habiter.»
Un point de vue que des sociétés comme PwC semblent prendre en considération, à une époque où l’on parle de concurrence entre les places économiques en Europe en matière de recrutement. Attirer les talents est de plus en plus difficile et il est compréhensible qu’un jeune ayant fait de quatre à sept ans d’études n’ait pas vraiment envie de se retrouver dans un studio miteux à Luxembourg.
Selon nos sources, PwC a sondé son personnel en demandant «s’il y avait un intérêt de la part des employés et quel loyer on serait prêt à mettre si l’entreprise proposait des locations sur le Ban de Gasperich». Du côté du Crystal Park, on ne s’en cache pas : «Nous étudions effectivement certaines pistes, comme celle de mettre des logements à la disposition de nos employés et nous avons déjà interrogé nos employés pour comprendre leur éventuel intérêt en la matière», explique PwC Luxembourg, interrogé sur le sujet, avant de préciser : «Les réflexions que nous menons sur le sujet ne sont pas encore assez abouties pour permettre d’identifier un modèle économique particulier et aucunes de nos pistes ne fait à ce jour l’objet d’un quelconque projet concret.»
Les partners investissent
Si pour le moment le Big Four de la rue Gerhard-Mercator n’en est qu’au stade de la réflexion, il semble que certains «partners» (les dirigeants au sein des cabinets d’audit) ont déjà investi au Ban de Gasperich. «Ils ont acheté des appartements dans le quartier avec leur bonus», dévoile une source proche du dossier, tout en précisant que c’est peut-être à titre personnel, «dans la mesure où le promoteur Grossfeld Development a démarché des profils ayant les moyens d’investir rapidement dans la zone». Cette source ajoute : «Ce n’est rien de plus que le travail du promoteur, qui s’est aussi tourné vers des partners de Deloitte ou encore Alter Domus, qui construisent aussi leurs bâtiments dans la zone.»
Jeremy Zabatta