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Menaces à la fourchette, crachats et injures : 9 mois requis contre le conjoint


Le prévenu déclare ne plus se rappeler avoir pointé sa fourchette dans la direction de sa compagne en lui disant qu'il allait lui piquer les yeux. (Illustration : AFP)

Le parquet demande que la peine prononcée contre le quinquagénaire soit assortie d’un sursis probatoire avec l’obligation qu’il fasse soigner sa jalousie et son agressivité.

Il a été expulsé du domicile. Il a reçu un avertissement du parquet. Cela ne lui a pas suffi. Mardi après-midi, le conjoint s’est retrouvé devant le tribunal correctionnel. Le couple, la cinquantaine, vit toujours sous le même toit à Howald. Tous les deux prétendent que leur relation est sur la bonne voie. Pourtant, en 2017, madame avait déposé cinq plaintes…

« Je pense que le plus dur est passé entre nous.» Détention illégale, coups et blessures, menaces, injures, endommagement de vêtements… la liste des infractions en dit long sur les hauts et les bas que le couple a traversés. « C’était une relation fantastique. Elle avait tout ce qui a de bon pour une femme qui vit avec un homme », se remémore la compagne, âgée aujourd’hui de 51 ans. La mère divorcée a fait connaissance de son conjoint à l’automne 2016. Dès le printemps de l’année suivante, le chauffeur de taxi est venu habiter chez elle.

Pas moins de cinq fois, la quinquagénaire s’est déplacée à la police pour déposer une plainte contre son conjoint. « J’ai exagéré un peu dans les faits qui se sont passés , a-t-elle tenté de rectifier, mardi après-midi, à la barre de la 9e chambre correctionnelle. Je me suis laissée emporter par les émotions à cause des problèmes que j’avais à l’époque. »

Le premier incident remonte au 24 juillet 2017. Ce jour-là, il l’avait enfermée pendant une bonne dizaine de minutes dans la salle de bain où il l’avait poussée contre le mur. Après avoir également reçu des coups de boudin de porte dans le visage, elle s’était entre autres emparée d’un chausse-pied pour se défendre.

Monsieur avait été expulsé du domicile. Or à peine un mois plus tard, elle emménageait avec lui dans un appartement à Howald. « Je pensais que cela allait arranger les choses. Je voulais essayer. Je l’aime », se justifie la quinquagénaire. Elle ajoute : « Dernièrement, il m’a beaucoup aidée. »

– « Je veux bien. Mais là on est en train de voir ce qu’il a fait. » La présidente poursuit la lecture du dossier. Malgré l’expulsion, puis l’avertissement du parquet, ce ne sera pas le dernier incident rapporté à la police. Madame a déposé sa dernière plainte en octobre 2017.

À la barre, le prévenu (54 ans) a tenté de minimiser les faits qui lui son reprochés. Son analyse : «Madame est bipolaire. Chaque fois qu’elle a appelé la police, c’étaient toujours des situations qu’on aurait pu éviter.»

«J’étais un peu jaloux. Mais elle aussi»

« Autrefois, j’étais boucher-désosseur de métier. Je n’ai pas encore perdu la force que j’avais. Je ne l’ai pas retenue pour lui faire mal ou peur. Mais parce qu’elle avait bu, je voulais éviter qu’elle prenne la voiture », se défend-il. La présidente le coupe : «Excusez-moi, l’histoire de la voiture, je ne l’ai pas lue dans le dossier. »

Le quinquagénaire reconnaît avoir proféré des injures : « Quand on est énervé, ça sort… » «J’étais un peu jaloux , concède-t-il. Mais elle aussi. » Il conteste toutefois avoir voulu jeter Madame par-dessus le balcon. « Et la fourchette que vous auriez pointée en sa direction en lui disant que vous alliez lui piquer les yeux? », l’interroge la présidente. – « Je ne me rappelle pas. Ce n’était pas mon intention de le faire .» « Et les deux crachats au visage? », insiste la présidente. – « Peut-être. Un jour quand j’étais dépassé… »

Enfin, le parquet lui reproche d’avoir endommagé plusieurs vêtements de sa conjointe. –«Elle m’a énervé de telle façon que j’ai arraché sa blouse.» «La deuxième fois, c’était après qu’elle avait coupé mes chemises avec les ciseaux », précise-t-il.

Comme sa compagne, le quinquagénaire estime qu’actuellement la situation s’est calmée : «Je pense que nous avons fait tous les deux des efforts. On a des billets d’avion pour partir le 28 mars au Portugal.»

Si les choses semblent s’être améliorées, le premier substitut considère qu’« il faudra un certain suivi pour que cela puisse fonctionner ». Le parquet requiert neuf mois de prison et une amende à l’encontre du prévenu. Il demande que sa peine soit assortie d’un sursis probatoire avec l’obligation qu’il fasse soigner sa jalousie et agressivité lors d’un traitement.

Prononcé le 20 mars.

Fabienne Armborst