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France: la « Veuve noire » de la Côte d’Azur devant les juges pour empoisonnement


Patricia Dagorn,, surnommée la «Veuve noire», derrière la vitre d'une voiture, à son arrivée au tribunal de Nice, lundi. (Photo: AFP)

 Soupçonnée d’être une empoisonneuse en série venue piéger de riches veufs de la Côte d’Azur, Patricia Dagorn a comparu lundi à Nice pour assassinat ou administration de substances nuisibles à quatre vieux messieurs. Deux sont morts.

Patricia Dagorn, 57 ans, est apparue dans le box des accusés flottant dans un survêtement rouge et noir trop grand, une allure dépenaillée sans rapport avec l’engageante femme blonde inscrite en agence matrimoniale qui séduisait des hommes plus âgés il y a sept ans pour en obtenir procurations, chèques ou legs en sa faveur, selon l’accusation.

Incarcérée depuis 2012 et déjà condamnée à cinq ans de prison en 2013 pour vol, escroquerie et séquestration dans une affaire similaire, Patricia Dagorn, qui nie les faits lui étant reprochés, risque cette fois la perpétuité devant les assises. Le avocats plaideront l’acquittement de celle qui est parfois surnommée « L’Empoisonneuse » ou « La Veuve noire de la Côte d’Azur ».

L’enquête de personnalité menée pendant l’instruction a décelé chez l’accusée une attitude vénale et sans scrupule, un psychiatre la comparant à Marie Besnard, accusée d’avoir empoisonné 12 personnes et acquittée en 1961 dans une affaire restée une des plus grandes énigmes judiciaires françaises. « Elle pense seulement à l’argent », a lancé un enquêteur de personnalité à l’ouverture de son procès.

Valium et chéquiers

Les premiers soupçons contre Patricia Dagorn naissent en juillet 2011 après la découverte dans un hôtel meublé de Nice du cadavre d’un marginal sexagénaire, Michel Kneffel, avec lequel elle vivait. Mais aucune charge n’est finalement retenue contre elle.

En mai 2012, elle rencontre à Annemasse, dans les Alpes, un veuf de 87 ans, Robert Mazereau, qui accepte de l’héberger en échange de relations sexuelles, avant d’être agressé. L’affaire vaut à Patricia Dagorn une condamnation à cinq ans de prison en 2013. De plus, elle relance l’enquête sur la mort de Michel Kneffel après la découverte dans ses affaires de flacons de valium et de documents au nom d’une dizaine d’hommes différents, dont des chéquiers ou des copies de pièces d’identité.

Les enquêteurs remontent alors la piste jusqu’à un autre assassinat présumé, celui de Francesco Filippone, 85 ans, retrouvé en état de décomposition avancée en février 2011 dans le sud-est de la France. Quelques jours avant, Patricia Dagorn encaissait un chèque de 21 000 euros de Francesco Filippone. L’octogénaire voulait l’aider à ouvrir une bijouterie, assure-t-elle.

« Cupide et obsédée par l’argent »

Diplômée de droit et divorcée d’un mari condamné pour escroquerie, Patricia Dagorn avait été décrite fin 2013 comme « cupide et obsédée par l’argent » par son fils cadet, alors âgé de 22 ans. « Elle a toujours été obsédée par l’argent facile et rapide », avait déclaré au journal Nice-Matin Guilhem, placé en foyer à l’âge de 12 ans.

Au total, Patricia Dagorn aurait connu au moins une vingtaine d’hommes sur la Côte d’Azur de 2011 à 2012. La plupart en ont été quittes pour des demandes d’argent ou le vol de documents.

Où est passée l’assurance vie ?

Jugée pour les assassinats de Michel Kneffel et de Francesco Filippone, la quinquagénaire est aussi accusée d’avoir administré à deux autres hommes – Ange Pisciotta, 82 ans, et Robert Vaux, 91 ans – des médicaments pour les affaiblir. Ils devraient témoigner au procès. Le second, croyant au grand amour avant de déchanter, avait vu sa santé décliner de façon alarmante, au moment où Patricia Dagorn, elle, contactait son notaire.

Lundi l’ex mari de Patricia Dagorn, Luc Caron, 71 ans, condamné pour violences conjugales et escroquerie, était présent à l’audience. Un ex-mari sous l’emprise duquel elle pourrait toujours se trouver, selon l’enquêteur de personnalité. De façon imprévue, il a été appelé à témoigner pour dire ce qu’il était advenu, au début des années 1990, de l’assurance vie d’un million de francs de la mère de l’accusée. Selon lui, ce chèque a été encaissé sur un compte joint. Son ex-épouse a assuré devant la cour qu’il avait été encaissé par Luc Caron.

Le Quotidien/AFP

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