Une bataille d’ego entre le nouveau député lorrain Xavier Paluszkiewicz et l’ancien semble à l’origine du cafouillage sur le sujet de la zone franche.
« Voilà qu’ils s’arrêtent entre eux maintenant, ça ne doit pas aller bien fort… » Cet extrait de La Grande Vadrouille résume bien l’esprit politique de l’autre côté de la frontière. Le nouveau député de la circonscription de Longwy, Xavier Paluszkiewicz, et l’ancien, Christian Eckert, se livrent une drôle de guerre. L’enjeu ? La création d’une zone à la fiscalité avantageuse. L’objectif ? Permettre aux communes frontalières d’attirer des entreprises, pour rééquilibrer (un peu) le dynamisme avec le Grand-Duché. La probabilité que cela aboutisse ? Quasiment nulle, même si des débats sur le sujet auront lieu « certainement » vendredi au Sénat, a fait savoir jeudi Olivier Jacquin, sénateur de Meurthe-et-Moselle, par voie de communiqué.
Derrière une telle réussite, il y aura un nom. Et comme à la plage, on préfère casser le château de l’autre pour construire le sien. Ainsi, l’ancien député et par ailleurs secrétaire d’État au Budget sous François Hollande avait préparé un amendement à la loi fiscale en train d’être votée concernant une zone franche dans les environs de Valenciennes (Nord de la France). Le but : rattacher le Nord lorrain à ce wagon des territoires en friches. Mais le député (socialiste) a perdu son poste entretemps. Il aurait donc proposé au nouvel élu (En marche!) un passage de témoin sur le dossier. «Il n’a pas donné suite», nous explique Christian Eckert.
Deux amendements ont donc été déposés le jour du passage du texte à l’Assemblée : l’un par des amis politiques de Christian Eckert, l’autre par Xavier Paluszkiewicz ! Vu le sentiment de confusion, le tout a été rejeté (même pas discuté en réalité).
«Le député veut un droit de réponse»
Notre journal s’est fait l’écho de la déception de Christian Eckert, qui publie régulièrement des articles très lus sur son blog, en reprenant certains passages clefs. Et voilà que la guerre des chefs a débarqué au Grand-Duché !
Lundi, nous avons reçu un appel assez surprenant. L’assistant parlementaire de Xavier Paluszkiewicz est au bout du fil. Il exige un «droit de réponse» dans nos colonnes pour son député. Nous expliquons qu’un droit de réponse est une demande juridique, que c’est hors contexte, mais que nous sommes ouverts à la discussion. Mercredi à 14h, personne ne rappelle. Mercredi toujours, Xavier Paluszkiewicz s’épanche dans Le Républicain lorrain pour dire que «le bassin minier a été trop longtemps oublié», qu’il serait satisfait que «le sujet de la zone franche revienne sur la table en 2018», etc. Il reproche à Christian Eckert des années d’inaction. Accusations qu’il reprend avec une certaine virulence sur les réseaux sociaux.
Nous recontactons Christian Eckert pour comprendre. «J’ai été secrétaire d’État entre 2014 et 2017, donc au gouvernement. Et même quand j’étais député, je travaillais pour le pays, pas pour mon pré carré (NDLR : comme un député eschois est censé travailler pour l’ensemble du Luxembourg). En revanche, quand on a demandé à mes services d’élaborer une zone franche dans le Nord, j’ai répondu qu’il était légitime que le bassin du fer lorrain y soit aussi.» Rien de personnel, donc.
Pas même l’envie de rester dans les dossiers malgré la sanction des urnes ? Christian Eckert réfute, endossant le rôle du vieux lion qui connaît trop ce cirque politique. Et voit plutôt une volonté du nouveau député de «ne surtout rien reprendre du travail accompli avant. C’est classique en vieille politique : il faut mettre son nom sur les projets.» De ce fait, une visite du ministre du Budget français, Gérald Darmanin, est déjà prévue pour janvier à Longwy, parrainée par Xavier Paluszkiewicz. Peut-être que l’on annoncera avec de grands «enfin !» la possibilité d’une zone franche. De quoi conclure avec l’étonnement de Bourvil dans La Grande Vadrouille : «Comment ça merde alors ? But alors you are French !»
Hubert Gamelon
Une question d’égo dites-vous ?
Pour sûr, pas du mien quand on sait que ce n’est pas moi qui ai contacté Le Quotidien, ni sollicité vos colonnes pour en parler.
La véritable question est de savoir pourquoi mon prédécesseur voulait que ce dispositif puisse être présenté à l’Assemblée et pourquoi ne l’a-t-il pas fait lui-même ? Je n’ai certes pas 40 années de vie politique (d’aucuns s’en réjouissent savez-vous) mais pour sûr, ne suis-je pas un lapin de trois semaines…
D’autre part, si d’aventure, avais-je jugé que ce dispositif tenait la route, qu’il pouvait être favorable à notre territoire et de surcroît si avait-il pu être validé par Bercy, pensez bien que la question ne se serait pas posée de le porter haut.
Or, il va sans dire que ce dispositif n’est pas adéquat au regard de la manière dont il est articulé. Faire croire qu’une zone franche -telle qu’elle est proposée par mon prédécesseur- serait opportune, relève du fantasme et de l’inéquation.
Il n’a le mérite en réalité de ne servir qu’une communication bien rôdée qui consiste à faire croire dans les années à venir que tout était prêt et que le député Palu n’a même pas eu la sagesse (la bonté ?) de le reprendre, usant de maladresse, d’incompétence et -comme vous semblez vouloir le relayer- d’un égo surdimensionné.
Le blabla et les techniques de cet autre Monde qui prépare déjà les prochaines échéances. #politiquepoliticiennequandtunoustiens
Ce dispositif proposé n’est pas abouti. Il ne concerne en réalité que les entreprises nouvelles qui seraient exonérées de charges et d’impôts.
Un dispositif qui nous amène à nous poser de véritables questions :
• Quid des entreprises déjà installées et qui continueront à être imposées et quid alors des disparités que nous créerions entre elles ?
• Nos entreprises installées sont déjà fragiles et nous devrions les fragiliser davantage par des marges supérieures qui se traduiront par des écarts sur le coût horaire par exemple et ce, sur un même territoire ?
• Quid de nos voisins meusiens qui seraient impactés méchamment en sachant que nous ne ferions que déplacer la frontière des disparités existantes ? (Nous déplacerions le problème plutôt que le résoudre)
• Quid de la garantie de constitutionnalité ? A la question posée : aucune réponse.
• Quid de son coût ? A la question posée : nulle réponse et même de l’auteur du dispositif lui-même.
Pour sûr, la demande d’évaluation n’a même pas été formulée.
De la politique de l’ancien Monde dans toute sa splendeur ou comment faire de la communication, histoire de garder la main.
Avec tout le respect que je dois à mon prédécesseur qui compte 7 années de députation, 3 années de Secrétariat d’Etat chargé de ces sujets (A Bercy !!!), lesquels nous préoccupent depuis 15 ans : venir me donner la leçon à travers vos colonnes, usant du fait que je doive vous rappeler à 14 h (le mercredi étant la journée la plus chargée à l’Assemblée, juste avant que nous ne devions siéger pour la séance des Questions au Gouvernement) n’est pas sérieux et relève d’une manière somme toute habile de la part de mon prédécesseur de vouloir se justifier. Qu’il ne s’agisse là que de vieux réflexes de professeur bien plus enclin à donner la leçon qu’à faire les devoirs, je puis le comprendre. Mais si ces derniers avaient été faits, nous n’en serions pas là.
Aussi, aimerais-je simplement souligner que je n’ai pas été élu pour présenter à l’Assemblée, les dispositifs de mon prédécesseur, fussent-ils à première vue (à toute première vue) intéressants. #Poudredeperlinpinpinenrealité
Ce faisant, je ne suis pas pleutre et d’aucuns sur le Pays-haut et ailleurs finiront bien par s’y habituer.
Bien cordialement.
Xavier Paluszkiewicz
Député de Meurthe-et-Moselle