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La langue va s’en tirer

« Pas le point final ». Ainsi était intitulé notre éditorial du 17 janvier, au lendemain du débat très attendu à la Chambre sur l’avenir de la langue luxembourgeoise. À l’époque, le camp plaidant pour que le luxembourgeois devienne la première langue officielle du pays était opposé à ceux qui étaient montés au créneau pour défendre le multilinguisme.

Ce débat était le résultat de la pétition phénomène qui, lancée il y a douze mois, avait en fin de compte récolté plus de 14 500 signatures, un record absolu. Un débat assez douteux avait entouré cette pétition, avec des tendances clairement xénophobes qui ont fait leur apparition sur les réseaux sociaux. Les pétitionnaires avaient sagement décidé d’arrondir les angles au moment de se présenter face aux députés. Le sale débat sur l’avenir du luxembourgeois et la soi-disant menace du français sur la langue nationale n’a pas cessé pour autant et reste bien présent, bien au-delà de la question de la langue, sur internet.

Toute cette agitation semblait assez loin, jeudi matin, lorsque le ministre Claude Meisch a présenté, avec le secrétaire d’État Guy Arendt, le nouveau cadre légal pour la promotion du luxembourgeois. Si la double pétition qui a secoué le pays pendant de longues semaines a eu un effet positif, c’est bien le fait que le camp politique ait décidé de revaloriser la langue nationale.

Les 40 mesures présentées en mars avaient laissé perplexes certains observateurs. Désormais, il reviendra au futur commissaire à la langue luxembourgeoise de traduire la volonté politique de promouvoir la langue de Dicks. L’important sera de rester présent sur le terrain et de rester au contact des gens.

En attendant, le débat identitaire risque de resurgir en vue des législatives d’octobre 2018. Plus que jamais, il sera important de contrer les tendances populistes par des faits. Le luxembourgeois reste en effet une langue très vivante. Et avec un taux de 70,5%, il reste la langue la plus parlée. Rien n’indique donc que la devise nationale «Mir wëlle bleiwe wat mir sinn» soit menacée.

David Marques