La caisse déborde, il faut en profiter. La quadripartite santé s’est entendue pour améliorer les prestations en accordant une enveloppe de 25 millions en ce sens.
Après les 181,7 millions en 2016, voilà que s’ajoutent les 153 millions de 2017 et le gouvernement table déjà sur 110 millions en 2018. Les excédents successifs de l’assurance maladie-maternité gonflent les réserves, qui atteindront d’ici un an un taux global qui avoisinera les 30 %. Le solde global cumulé de l’assurance maladie-maternité devrait être de 740,6 millions d’euros en 2017 et de 850 millions d’euros fin 2018.
Il était dit par le passé que si le taux dépassait les 20 %, il fallait soit améliorer les prestations, soit diminuer les cotisations. La deuxième solution ayant été écartée par l’ensemble des partenaires, il restait à améliorer les remboursements pour les assurés. La quadripartite de mercredi s’en est chargée avec une enveloppe de 25 millions destinée aux assurés. Le ministre de la Sécurité sociale, Romain Schneider, s’en réjouit.
«Nous avons déterminé trois grands volets pour améliorer les prestations, à savoir les dépenses qui incombent aux familles, la considération des pathologies lourdes et chroniques et la modernisation des standards de prise en charge», explique le ministre (lire le détail dans l’encadré).
Cette générosité envers les assurés s’ajoute aux autres dépenses prévues dans le cadre de la loi hospitalière avec d’importants travaux d’infrastructures, comme par exemple la reconstruction et la modernisation du centre de convalescence de Colpach, précise le ministre en substance.
L’OGBL plutôt satisfait
Du côté des syndicats, le ton n’est pas le même. L’OGBL, par la voix de son représentant, Carlos Pereira, est plutôt satisfait du résultat. «Cela correspond à nos revendications et nous avançons à petits pas, mais nous avançons», déclare-t-il. Son homologue du LCGB, Christophe Knebeler, se félicite moins. «On aurait pu avoir un paquet mieux ficelé, sans compter que des prestations auraient déjà pu être mises en place depuis un an», déclare-t-il en rappelant, comme Carlos Pereira, que ce sont «les efforts des assurés qui ont garanti les réserves».
Le patronat avait une tout autre approche. «Notre principale revendication, c’était de garder les sous dans la caisse», lâche sans détour Nicolas Henckes, secrétaire général de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL). Le patronat juge les efforts financiers déjà réalisés assez conséquents avec le renouvellement des conventions collectives dans le secteur des hôpitaux.
«L’impact est très mal évalué», estime Nicolas Henckes. Il craint que cette largesse n’entraîne «des effets de seconds tours» où d’autres prestataires vont demander à être mis au même niveau de salaire, même un médecin qui va comparer son salaire de début de carrière dans un hôpital avec le salaire de fin de carrière d’un infirmier dans le même hôpital. «Pourquoi faire dix ans d’études ? On va avoir d’autres professions qui vont demander des revalorisations parce que l’on a bloqué ou freiné leur niveau de rémunération pendant des années, alors que l’on donne des augmentations faramineuses aux employés du secteur. C’est le mauvais signal qui a été donné par ces conventions collectives», déplore-t-il.
Toutes ces dépenses vont faire fondre les réserves. Le patronat a demandé sa part aussi. «Nous ne voulions pas être le dindon de la farce et autant demander une compensation équivalente pour les entreprises. Nous avons obtenu un accord de principe de la part du ministère de la Sécurité sociale qui consiste à faire un geste au niveau de la mutualité des employeurs. On offre 25 millions par an aux assurés, il serait bon d’avoir à peu près l’équivalent, parce que nous cotisons à même hauteur dans le système», conclut Nicolas Henckes.
Geneviève Montaigu
Les nouvelles prestations
Remboursement au taux de 100 % des consultations pour les jeunes de moins de 18 ans ainsi que pour les actes d’orthophonie et de psychomotricité destinés à cette tranche d’âge.
En ce qui concerne la prise en charge des contraceptifs, la limite d’âge sera portée de 25 ans à 30 ans et le stérilet sera pris en charge sans limite d’âge. En outre, une augmentation des visites à domicile par les sages-femmes est prévue dans le cadre de la révision de leur nomenclature.
Concernant les pathologies lourdes et chroniques, «très mal remboursées», selon le ministre de la Sécurité sociale, il est projeté de lancer un plan d’action «affections de longue durée» et un projet pilote est prévu en vue d’une amélioration de la prise en charge du diabète.
Prise en charge également de la vaccination contre le pneumocoque en ciblant les populations à risque, essentiellement les personnes âgées.
Amélioration des prestations reliées au lipœdème avec notamment le remboursement à 100 % des séances de kinésithérapie en relation avec les drainages lymphatiques. Par ailleurs, il sera étudié une future offre adaptée au niveau du domaine thermal de Mondorf.
Dans le cadre des améliorations au niveau de la prise en charge de certains actes dentaires qui sont en voie d’élaboration, une réduction du délai de 15 à 12 ans en matière de renouvellement des prothèses sera aussi discutée.
Amélioration des aides visuelles axée sur une simplification et une meilleure couverture.
Par ailleurs, il est prévu d’entamer la négociation d’une convention et d’une nomenclature pour les actes des ergothérapeutes et des podologues.
Enfin, une campagne de sensibilisation commune appelant les médecins à réaliser le «strep test» avant de prescrire un antibiotique sera réalisée à courte échéance.
Quant aux urgences, les conclusions de l’audit et les recommandations qui en découlent pourront être annoncées avant la fin de l’année.