La volonté du Grand-Duché d’exploiter les ressources contenues dans les astéroïdes dérivant lentement dans l’espace autour de la Terre (ou plus loin) a fait les gros titres de la presse internationale. Dans un premier temps, les articles saluaient la volonté du Luxembourg de réunir autour de lui les forces nécessaires pour mettre sur les rails ce projet. Rencontres avec des entreprises spatiales, accords de partenariat avec des agences spatiales pour passer lentement du rêve à la réalité, loi votée pour permettre cette exploitation minière dans l’espace… après la surprise, les observateurs ont pu constater que le Luxembourg était un partenaire à prendre au sérieux et avec qui il faudrait compter ces prochaines années dans ce dossier.
Mais il y a un géant de la conquête spatiale qui voit ces initiatives d’un autre œil. Il s’agit de l’agence spatiale fédérale russe Roscosmos. Les Russes s’inquiètent de voir un État européen comme le Luxembourg et les États-Unis (le pays a revendiqué le droit d’exploiter ces ressources spatiales via une loi dès 2015) de se lancer dans un nouveau type de conquête spatiale. Cette inquiétude est de moins en moins cachée et a notamment fait l’objet d’articles dans la presse russe. Une presse qui est beaucoup moins enthousiaste que les journaux européens ou américains sur les initiatives de ce type en matière d’exploitation minière dans l’espace !
Pour Roscosmos, la loi luxembourgeoise et la loi américaine de 2015 contredisent le droit international dans le domaine de la conquête spatiale. Dans le traité de l’espace signé en 1967 par plus de 100 pays, l’article 2 dispose qu’un «corps céleste ne peut faire l’objet d’une appropriation nationale par proclamation de souveraineté, ni par voie d’utilisation ou d’occupation ni par aucun autre moyen». Corps céleste n’est pas ressource spatiale évidemment. Et ce vide juridique, sans mauvais jeu de mots, permettrait l’exploitation de ces ressources célestes. La Russie compterait changer les termes du traité de 1967 pour contrecarrer les plans du Luxembourg et des États-Unis. Une nouvelle guerre des étoiles en vue ?
Laurent Duraisin