Le procès des parents poursuivis pour avoir maltraité leur fils de quelques semaines à Saeul s’est ouvert lundi à Diekirch. Leur bébé souffrait de nombreuses fractures.
Il est né début novembre 2013. À peine un mois plus tard, le nourrisson se retrouvait au CHL. Les séquelles diagnostiquées sur le corps de la petite victime étaient nombreuses : fractures de la clavicule droite et du tibia gauche ainsi que plusieurs côtes cassées.
Le nourrisson était non seulement blessé, il avait également l’air résigné», relate l’enquêtrice de la police judiciaire du service de la protection de la jeunesse. C’est le lundi 9 décembre 2013 que le bébé a été hospitalisé. Durant le week-end, chez eux à Saeul, les parents avaient constaté une enflure au niveau du bas de sa jambe…
À son arrivé au Centre hospitalier de Luxembourg (CHL), l’équipe médicale relève toute une série de blessures : une fracture du tibia gauche qui remonte à plusieurs jours, une fracture de la clavicule droite et six côtes cassées. D’après le médecin légiste en charge du dossier, la victime a encaissé l’ensemble de ces blessures sur une petite semaine.
Lundi après-midi, les jeunes parents comparaissaient devant la chambre criminelle de Diekirch. Au père, âgé aujourd’hui de 25 ans, le parquet reproche d’avoir grièvement maltraité le nourrisson en lui fracturant plusieurs os. La mère trentenaire, quant à elle, est principalement poursuivie pour non-assistance à personne en danger.
Très vite à l’hôpital, le père a indiqué être seul responsable des blessures. Il le confirmera quelques semaines plus tard lors de son audition à la police. «Il a dit ne pas l’avoir fait délibérément.» À l’enquêtrice, il déclare aussi avoir fait quelques mouvements avec l’enfant. Il aurait entendu quelques craquements. Mais il ne se serait pas rendu compte que cela avait des conséquences négatives.
Chute du canapé après le biberon
D’après les déclarations du prévenu, le nourrisson est tombé une fois du canapé. Le père dit s’être endormi pendant qu’il donnait le biberon à son fils. Quand il se serait réveillé, ce dernier pleurait au sol. Une autre fois, alors qu’il le sortait du bain, sa jambe serait restée coincée au niveau de la table à langer. «Il a dit qu’il ne savait pas évaluer sa force», ajoute l’enquêtrice. Pour le médecin légiste, les côtes fracturées du nourrisson peuvent s’expliquer par le fait qu’il ait été pris fortement par la cage thoracique.
La mère n’aurait pas été présente lors des actes de maltraitance. Elle n’aurait pas non plus remarqué que son enfant était blessé, dit-elle. «Les blessures étaient-elles évidentes pour elle?», questionne le président. «Les blessures à la clavicule et aux côtes n’étaient pas visibles. Mais l’enfant a pu manifester sa douleur au moment où on l’habillait», soulève le médecin légiste.
Les deux prévenus n’ont pas encore eu l’occasion de s’expliquer à la barre. Quelques éléments sur la vie du couple ont néanmoins déjà filtré lors de l’audition de l’expert psychiatre lundi. Il apparaît que tous les deux ont eu une adolescence difficile. Le père, qui souffre de problèmes psychiques, a déjà suivi un traitement à l’étranger. Outre son hyperactivité, l’expert a cité le syndrome d’Asperger. Enfin il a évoqué des signes de sclérose en plaques. L’expert n’a pas décelé d’indices permettant d’affirmer qu’il aurait commis les actes de maltraitance de façon délibérée. Il évoque l’hypothèse de l’accident. L’expert conseille que le prévenu bénéficie d’un suivi psychologique. «Le pronostic global est plutôt bon», conclut-il.
Le couple s’est rencontré fin 2012. Au moment de la naissance de leur fils, tous les deux n’avaient plus de travail depuis un certain temps. Selon la mère, leur fils était calme. Mais elle était très affaiblie après l’accouchement. Il arrivait que son compagnon coure avec la poussette chez eux pour que le bébé rie. Après l’hospitalisation de leur fils, madame n’a pas quitté son compagnon. Ils ont été rendre visite à leur fils à l’hôpital. Ensuite l’enfant a été placé dans une famille.
Une audience était prévue pour ce procès. La défense souhaite toutefois entendre l’expert psychiatre chargé de la contre-expertise. Il semble qu’il ait une autre conclusion par rapport au syndrome d’Asperger dont souffre le prévenu. Le parquet le convoquera donc pour le 13 octobre, date de la suite du procès.
Fabienne Armborst