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[Cinéma] « The Beguiled » : une histoire de femmes selon Sofia Coppola


Collin Farrel et Kirsten Dunst incarnent deux des rôles principaux de "The Beguiled". (photo DR)

« The Beguiled » raconte l’histoire de huit femmes qui recueillent un soldat du camp adverse pendant la guerre de Sécession, entre thriller et poésie. Le film sort ce mercredi dans les salles.

Depuis qu’elle a fait ses débuts comme réalisatrice avec le très remarqué Virgin Suicides, Sofia Coppola jouit d’une belle réputation, celle d’être exigeante et libre. Une réputation qu’elle confirme avec son sixième et nouveau film, The Beguiled. Ce long métrage a été présenté et vu lors du festival de Cannes en mai passé, et y a reçu le prix de la mise en scène.

L’Américaine, de 46 ans, fille de Francis Ford Coppola, a raconté tellement peu attendre un prix qu’elle avait quitté la Croisette avec ses enfants bien avant la fin des festivités, et qu’elle dut revenir en catastrophe à Cannes pour recevoir son prix. Un prix contesté par des aigris, au prétexte que Sofia Coppola fait, dans The Beguiled, la part belle aux décors.

Cette sixième réalisation est une réinterprétation du livre de Thomas P. Cullinan. Une première adaptation avait été proposée en 1971 par Don Siegel, avec Clint Eastwood. Sofia Coppola est tombée sous le charme du livre avec l’irruption d’un soldat blessé – le caporal John McBurney – dans un pensionnat de jeunes filles pendant la guerre de Sécession, dans le sud profond des États-Unis. Le soldat (nordiste) appartient au camp adverse, les sept jeunes filles et femmes (sudistes) lui offrent refuge, pansent ses plaies. L’atmosphère se charge de tensions sexuelles et de dangereuses rivalités éclatent. Jusqu’à ce que des événements inattendus ne fassent voler en éclats interdits et tabous.

Le choix de la réinterprétation

«En lisant le roman de Thomas P. Cullinan, j’ai pensé : Et si je racontais cette histoire du point de vue des femmes ? Mon film serait une réinterprétation. Les prémisses de l’histoire sont chargées de potentiel parce que les rapports de force entre les hommes et les femmes sont universels. Il y a toujours un mystère latent entre hommes et femmes…», confie la réalisatrice. Évoquant son nouveau film qu’elle qualifie d’ «extrême», elle dit aussi lui trouver des airs de famille avec Misery (1990) de Rob Reiner.

Pour Sofia Coppola : «J’avais vu le film de Reiner à sa sortie, et il me trottait dans la tête. Mais ce n’était pas facile, c’est un genre nouveau pour moi, dans lequel je ne suis pas très à l’aise. Je m’y suis pliée, à ma manière. J’ai dû un peu forcer le trait, je suis plus en retenue d’habitude. C’était amusant de jumeler intrigue et magnifique décor poétique, c’était une première pour moi !»

Voilà bien la réussite de The Beguiled : une intrigue bien ficelée qui donne au film des airs de thriller, et une poésie visuelle avec une image toujours volontairement douce. Et puis, dans ce film d’histoires de femmes, il y a aussi le casting. Du très haut de gamme. Dans le rôle masculin, on retrouve un Colin Farrell inspiré, et pour les féminins, trois comédiennes : la jeune Elle Fanning (déjà vue chez Sofia Coppola dans Somewhere en 2011), l’efficace Nicole Kidman et surtout la magique Kirsten Dunst, présente déjà dans Virgin Suicides en 2000 et Marie-Antoinette (2006).

Dans les habits d’Edwina l’institutrice qui enseigne le français aux pensionnaires, Kirsten Dunst promène une figure tragique. Pour notre plus grand bonheur…

De notre correspondant à Paris, Serge Bressan

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