Le départ d’Erny Lamborelle (Fédération des enrôlés de force) en tant que membre du Comité pour la mémoire de la Seconde Guerre mondiale laisse un goût amer. Une fois de plus, l’historiographie luxembourgeoise est rejointe par ses tabous. L’individu n’y est strictement pour rien. Dans sa chronique familiale Firwat? (2014, ISBN 978-2- 87967-196-3), Erny Lamborelle présente une vue nuancée, personnalisée et objective. Le Comité prémentionné a été concocté par le gouvernement toujours conseillé par des experts dévoués à la défense d’une historiographie conservatrice. Et pour cause, il s’agit de défendre la mémoire des membres du gouvernement en exil.
Tout effort pour nuancer est méprisé en politique (épuration, collaboration, gouvernement en exil, maquisards, indemnités de guerre)! Reconnaissons, enfin, que la résistance communiste contre le fascisme s’est formée au Luxembourg déjà en 1936 et pas seulement le jour de l’attaque nazie contre l’Union soviétique. Rien ne nous empêche de constater l’antisionisme historique des communistes, sans devoir adopter des positions anticommunistes.
Tous les enrôlés de force n’ont pas été des volontaires de guerre et des assassins. Aucun Luxembourgeois qui, en tant que militaire, a commis des crimes de guerre n’a été puni par la justice grand-ducale. Certains collaborateurs ont occupé des postes importants dans l’administration d’après-guerre (cela explique que le parquet s’obstine à restreindre l’accès aux archives). Interrogeons-nous si le gouvernement a bien fait de rassembler sous une même enseigne l’ensemble des héritiers de la Résistance? Dans la pédagogie moderne, on reconnaît un droit à la différence. Admettons aussi que l’antinazisme a été multiforme, et que la Shoah n’a pas été le seul crime du fascisme.
Jean Rhein