Dino Toppmöller l’a reconnu: il mettra en place, contre l’Apoel Nicosie, une équipe de costauds.
Le technicien a retenu certaines leçons des petites erreurs du passé et, plus précisément, de la dernière campagne européenne marquée par l’élimination contre Qarabag (2-0, 1-1) en 2016. Il veut du sérieux et de la puissance, gardant en magasin la touche technique pour le retour, en espérant que tout reste (très) jouable.
Contre le Standard de Liège (2-2), en amical, la semaine passée, Dino Toppmöller a aligné du Malget plutôt que du Moreira de Sousa côté droit, du Laurienté plutôt que du Mélisse à gauche, du Stelvio devant la défense (accompagné de Garos) et le hargneux Ibrahimovic en pointe avec Turpel plutôt que de l’opportuniste Er Rafik. «On pourrait revoir les mêmes à Nicosie, annonce Toppmöller. Ce n’est pas sûr, mais c’est certain qu’on choisira l’équipe la plus costaude, la plus physique possible, plutôt que technique. Pour l’aller en tout cas. On a besoin d’une équipe costaude dans les duels. On a beaucoup de garçons qui pourraient jouer, mais il faut faire un choix et l’axe de travail, c’est ça.» Et c’est d’ailleurs pour mettre toutes les chances de son côté que le F91 est parti avec un jour d’avance. Pour se faire non seulement à la température, mais aussi à l’humidité qui, paraît-il, est fatale.
La mauvaise nouvelle, par contre, est venue de la défection de Rodrigue Dikaba, un véritable crève-cœur pour Toppmöller : «Lui, c’est un vrai guerrier, qui aime le combat, va toujours au duel, reste positif quelles que soient les circonstances. Son état d’esprit nous aurait servi. Ce n’est clairement pas bon pour nous!» L’idée de combat taraude décidément le technicien pour qui, généralement, ne comptent que le tactique et le technique, le jeu et le but : «On est capables d’aller faire un résultat. On en est capables. Mais si les joueurs se mettent ça en tête, on prendra 5-0. On n’a qu’une chose à faire : combattre. Et là, on aura une petite chance.»
Des erreurs qui ont coûté cher à Qarabag l’an passé, Toppmöller a tiré certaines leçons. Mais une plus que toutes les autres : l’homogénéité du niveau physique de ses joueurs est une clef du match sur laquelle il ne transigera pas. Et pas de langue de bois de sa part sur un sujet qu’il estime crucial : pour lui, la seule certitude dont il dispose sur le niveau physique de ses garçons, c’est… celui qu’offre un travail au long cours avec le F91. En clair : ceux qui viennent d’ailleurs ne sont pas encore au même niveau. Pas en un mois de travail avec Antoine Mangione, son préparateur physique, en tout cas. «La saison passée, on avait commencé le match en Azerbaïdjan avec de nombreuses recrues (NDLR : Mélisse, Pokar, Stolz étaient titulaires, puis N’Diaye était encore rentré en cours de rencontre). C’est une chose que je ne veux pas renouveler, car les nouveaux venus n’ont pas le même niveau physique que les anciens. Ceux qui travaillent depuis au moins un an avec nous sont physiquement plus forts.»
On n’a donc même pas la certitude absolue de retrouver du Dobros ou du Bertino couloir gauche, en lieu et place de Da Mota : Jordanov a effectué, paraît-il, une belle préparation et comme lui a déjà fait six mois…
La priorité, lors de ce déplacement, ce sera quoi? Dino Toppmöller met visiblement en place une équipe pour résister à l’Apoel Nicosie. Il y aura de la rigueur, de l’âpreté. «Mais on ne va pas se cacher, jure-t-il. Je ne veux pas qu’on joue à dix dans nos trente derniers mètres. Le plus important en Coupe d’Europe reste de marquer un but à l’extérieur, mais c’est tout le temps l’adversaire qui nous donne ce genre de possibilité. Admettons qu’on affronte le Bayern Munich. On aura peut-être le ballon 10 % du temps seulement, mais peut-être qu’ils vont penser que c’est facile de nous battre et ne feront pas attention. Ce sera pareil contre Nicosie. On ne sait jamais…»
Pour faire court, Dino Toppmöller entend juste créer les conditions de l’exploit, respecter certains impératifs vitaux, poser des garde-fous à toute sortie de route. Pour avoir une chance de rouler sur l’Apoel Nicosie, il faudra encore être au volant et pas dans le décor. Du muscle donc, mais du mental aussi.
Julien Mollereau