Anthony Moris a un mois pour convaincre Aleksandar Jankovic, son coach, de lui confier les buts de Malines la saison prochaine. Le n°2 des Roud Léiwen a lancé le week-end dernier son opération séduction contre Zulte/Waregem (0-1).
Sa dernière titularisation en Jupiler Pro League remontait au 19 mai 2013, lors d’une victoire à Sclessin avec le Standard contre Lokeren (victoire 4-3). S’en étaient suivis deux ans de galère, entre mises à l’écart, passage par la D2 (Saint-Trond), transfert raté, entraînements en solitaire.
Entré comme prévu en cours de match lors de la première rencontre des play-offs, contre Beveren (4-1), vous avez été titularisé pour la première fois avec Malines dimanche et en gardant vos cages inviolées contre Zulte/Waregem…
Anthony Moris : Bon, je n’ai pas eu grand-chose à faire non plus. On a su rester à zéro but pris et c’est important parce que ça permet au club de se hisser à six victoires consécutives en D1, ce qui n’était plus arrivé depuis la saison 88/89. Ça fait combien ? 26 ans ? Et d’ailleurs, une septième, ce serait d’autant plus beau que cela pourrait être décisif puisque cela surviendrait contre Genk, qui est notre principal adversaire pour la première place du groupe dans les play-offs II… Notre objectif à tous, c’est d’atteindre la finale pour une place européenne le 31 mai.
Wouter Biebauw, dont vous avez pris la place pour ces play-offs, vous a-t-il glissé un mot quand vous l’avez remplacé, la semaine passée ?
Mais il m’en glisse tous les jours, des mots. C’est un super gars qui méritait de sortir par la grande porte. On fait vraiment du bon boulot ensemble et il a envie que je réussisse. Pour moi et pour le club.
Et quel est le retour de votre entraîneur des gardiens, Stef Pauwels ?
Très bon, mais il ne faut pas s’enflammer. Lui, il appelle ça des missions. Dimanche soir, il m’a dit : « Mission n°1 réussie ».
Il appelle ça des missions ? Vous êtes en mode guerrier ?
Pas en mode guerrier, non. Là, moi, je prends énormément de plaisir. Je n’oublie pas d’où je viens.
Mais vous n’oubliez pas non plus où vous allez : l’objectif, c’est quand même de devenir un jour et pour de bon, numéro 1 dans un club de D1 belge…
Bien sûr que je joue pour ça ! Et je crois être prêt !
Mais Colin Coosemans, le gardien de Beveren, a signé…
Oui il a signé. Mais il n’y a qu’une vérité : celle du terrain. Moi, j’ai déjà la chance de connaître le groupe, le coach, le mode de fonctionnement du groupe. Toutes les cartes sont entre mes mains. Je ne vais pas me mettre de pression, mais j’ai conscience que je peux prendre une avance sur lui ces prochaines semaines.
Il vous faudra quoi pour le devenir, numéro 1 ? Juste avoir de bonnes statistiques personnelles ou que le club atteigne collectivement ses objectifs, sans quoi cela ne suffira pas ?
Un peu des deux. Ceux qui connaissent le foot savent aussi qu’il y a un paramètre non négligeable qui s’appelle la chance. Mais au-delà, moi, je suis en route avec cette équipe depuis le 2 décembre et j’ai maintenant la confiance de tout un groupe.
Un groupe que vous dirigez en néerlandais ? Et d’ailleurs, cela peut-il jouer dans l’attribution du poste de n°1 la saison prochaine ?
Oui, je les dirige en néerlandais. Mais ce n’est pas prépondérant. Notre coach est serbe et parle en anglais et français dans le vestiaire… Pour le reste, je suis les cours de néerlandais mis en place par le club à raison d’une heure par semaine. On est sept ou huit à les suivre, mais je me débrouille bien. J’ai des restes de l’école…
Vous vous imaginez vous retrouver en finale pour une place européenne face au Courtrai de Maxime Chanot ?
J’y pense oui. Et quand je l’ai au téléphone, on en rigole. Mais bon, Courtrai et Max, ils ont d’autres ambitions que le 31 mai. Eux, ils aimeraient se qualifier directement et ils en ont les moyens. Ils viennent quand même de battre le leader brugeois… L’air de rien, tous les deux, on rallonge bien notre championnat et on raccourcit d’autant nos vacances. Mais ce n’est pas moi qui vais me plaindre. J’ai tellement attendu pour rejouer en D1 belge !
Entretien avec Julien Mollereau