Sigmund Freud a rarement pris position sur les questions politiques. Pour ne pas dire jamais. Cependant à une exception près : en 1966 (très tardivement, de longues années après sa mort) a été publié le portrait du président Thomas Woodrow Wilson, que Sigmund Freud avait rédigé en collaboration avec William C. Bullitt, qui fut temporairement l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique au Royaume-Uni et qui accueillait Freud, en fuite devant les nazis, et sa famille dans sa maison londonienne.
Contrairement à d’autres psychanalystes ou psychologues, Freud a maintenu son aversion contre toute prise de position politique. Néanmoins il existe quelques anecdotes que nous raconte l’auteur, Gérard Miller, de la préface de l’édition de l’essai prémentionné, paru dans la Petite Bibliothèque Payot (ISBN 978-2-228917-30-1). L’entourage de Freud fut stupéfait lorsqu’un jour le professeur se montra épris des thèses bolchéviques qu’un communiste ardent lui avait prodiguées, selon lesquelles, après quelques années de misère et de chaos, la paix universelle et la prospérité générale s’installeraient. Freud aurait répondu : «Eh bien, je crois pour ma part, à la [longévité de la] première partie de ce programme.»
Anna Freud confirma plus tard que son père soutenait après 1935 l’attitude de ne rien entreprendre qui aurait compliqué la vie de la société de psychanalyse établie à Berlin. Néanmoins, il se résigna à admettre comme réalité l’aryanisation de la société.
Jean Rhein