Les forces irakiennes peinaient lundi à avancer dans la vieille ville de Mossoul face à la multiplication des attentats suicide menés par les jihadistes qui luttent pour leur survie dans leur dernier grand bastion urbain en Irak.
Il s’agit de l’ultime phase de la bataille de Mossoul lancée il y a plus de huit mois par l’armée pour chasser le groupe Etat islamique (EI) de la deuxième ville du pays. L’EI n’y contrôle plus qu’un petit secteur de la vieille ville dans l’ouest de la cité septentrionale.
Mais à mesure qu’ils perdent du terrain, les jihadistes opposent une résistance de plus en plus féroce, au milieu de civils pris au piège des combats. «Dans certains quartiers, l’ennemi a recours depuis trois jours à des kamikazes, notamment des femmes», a déclaré le lieutenant Sami al-Aridhi, un commandant des forces du contre-terrorisme (CTS). «Avant cela, l’EI utilisait davantage de snipers et de bombes».
Il reste quelques centaines de jihadistes dans leur dernier carré de Mossoul, dont une majorité d’étrangers, a-t-il précisé. Acculés sur la rive ouest du Tigre, et encerclés de l’autre côté par l’armée et la police, les jihadistes n’ont cessé de reculer depuis le début le 18 juin de l’assaut sur la vieille ville. Selon M. Aridhi, la fin de la bataille devrait intervenir «d’ici cinq jours à une semaine».
Kamikazes de 12 et 14 ans
Pour contrer la menace des kamikazes, les forces de sécurité ordonnent désormais aux civils de retirer certains de leurs vêtements avant de s’approcher des points de contrôle. Les hommes sont priés d’ôter leur chemise, les femmes de retirer leur voile et leur large abaya. Ces mesures font suite à deux attentats suicide perpétrés ces derniers jours par des adolescentes de 14 et 12 ans, qui ont tué trois membres des forces spéciales irakiennes, selon des militaires.
Les forces irakiennes sont aussi gênées par la physionomie de la vieille ville, un secteur aux rues étroites et densément peuplées qui rend «les combats chaque jour plus difficiles», a expliqué le général Abdel Ghani al-Assadi, commandant au CTS. Mais cette géographie protège également les forces irakiennes des tireurs d’élite, a-t-il relevé. «Nos pertes ne sont pas assez importantes pour nous empêcher de progresser.»
Premières victimes des combats acharnés, les civils continuent de fuir la vieille ville avant d’être pris en charge dans un centre médical improvisé. «Ils fuient (l’EI), la mort, la faim et la peur», a expliqué Nazar Saleh, un médecin de la clinique.
Rivalités
Avec la fin de la bataille attendue dans les prochains jours par le pouvoir irakien, des rivalités risquent de naître entre les différentes forces irakiennes à Mossoul. Un communiqué attribué au chef de la police fédérale Raëd Chaker Jawdat, a été diffusé dimanche pour annoncer «la victoire à Mossoul» et les membres de la police ont célébré en musique dans la cité avec des drapeaux et des danses.
Mais le lieutenant Jawdat a ensuite affirmé que, si la mission de ses forces était terminée, d’autres forces se battaient toujours et que l’annonce officielle de la victoire serait faite par le Premier ministre irakien. Lundi, le Commandement conjoint des opérations (JOC), qui coordonne la lutte anti-EI en Irak, a néanmoins assuré que «les forces de la police fédérale sont toujours impliquées dans de violents combats sur le front sud et progressent vers leurs cibles».
L’EI s’était emparé en 2014 de vastes pans de territoire au nord, à l’ouest et à l’est de Bagdad. Mais les forces irakiennes, appuyées par des frappes de la coalition dirigée par les Etats-Unis, ont depuis repris une grande partie de ces territoires. Toutefois, la reprise de Mossoul ne marquera pas la fin de la guerre contre l’EI, qui contrôle toujours plusieurs zones en Irak et en Syrie voisine.
Bien qu’elle ait perdu 60% de son territoire et 80% de ses revenus en trois ans selon une étude du cabinet d’analyse IHS Markit publiée la semaine dernière, l’organisation jihadiste parvient toujours à commettre des attentats sanglants dans les deux pays. Dimanche encore, un kamikaze s’est fait exploser dans un camp de déplacés de la province irakienne d’Al-Anbar tuant 14 personnes.
Le Quotidien/AFP