Les habitués du TOL connaissent le travail de l’Irlandais Martin McDonagh, ses personnages issus des classes défavorisées, ses événements tragiques, ses huis clos familiaux… Avec L’Ouest solitaire , présentée en ce début d’été dans la salle de Bonnevoie, l’auteur reste dans son pré carré et propose une histoire plutôt simple avec des meurtres, de la haine, de l’alcool, des suicides… et seulement quatre personnages : quatre losers habitant un petit bled oublié de tous.
Dans une pièce ressemblant plus à un taudis qu’à une demeure vivent deux frères, Coleman et Valene. Deux petits minables assez infréquentables. Le premier est violent et colérique, le second calculateur et égoïste. Ils se nourrissent de chips et se désaltèrent uniquement à l’aide de whisky. Leur père vient de mourir, d’un coup de fusil dans la tête. Un accident a priori. A priori…
Seuls le père Welsh, curé un peu paumé et totalement dépassé par son rôle de moralisateur dans une paroisse qui n’a décidément rien du paradis sur terre, et Girleen, jeune fille sexy (et pas mal vulgaire) qui vivote en vendant de l’alcool frelaté aux habitants de la région, viennent interrompre le face-à-face musclé entre les deux frères qui n’arrêtent pas de se chamailler, de se battre, de se menacer…
Il sera question du bien et du mal, de morale et d’immoralité, de sexe et de solitude, de vengeance et de pardon. Les comédiens – Joël Delsaut, Jean-Marc Barthélemy, Eugénie Anselin et Pitt Simon – parviennent à donner une belle profondeur à ces quatre antihéros. Quatre vraies belles performances malgré des rôles pas évidents à jouer.
Mais au-delà de ça, si on veut bien accepter l’aspect cru et vulgaire de la pièce – qui peut aller de pair avec le récit et les personnages – et bien que Martin McDonagh propose quelques réflexions intéressantes sur les croyances et les préceptes de la religion catholique – si on tue quelqu’un mais qu’on se confesse, on peut aller au paradis, mais si on se suicide, c’est l’enfer assuré –, on ne retrouve dans cet Ouest solitaire ni l’«ironie cruelle» ni l’«humour grinçant» promis par la troupe.
Au contraire, la lourdeur initiale de la pièce ne cesse de s’amplifier tout au long de ces 100 minutes qui finissent par sembler bien longues. D’autant plus qu’on a l’impression que l’auteur a raté plusieurs occasions de conclure sa pièce plus tôt, tout ou presque ayant déjà été dit. Dommage!
Pablo Chimienti
TOL – Luxembourg. Ce jeudi 29 juin, vendredi 30 juin et samedi 1er juillet à 20h30. Puis les 5, 6, 7, 12, 13 et 14 juillet.