Accueil | Editoriaux | Mauvaise publicité

Mauvaise publicité

Les blagues potaches de Donald Trump cachent le vide intersidéral qui l’embarrasse lors d’événements diplomatiques. Ainsi, alors qu’il félicitait le nouveau Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, au téléphone, le président américain ne savait absolument pas quoi dire. Le commun des mortels pense naïvement que les grands de ce monde ont des choses très profondes à se raconter, qu’ils entrent vite dans le vif du sujet sur des questions de relations bilatérales complexes. Mais non. Après les félicitations de rigueur, Donald Trump fait remarquer à son homologue qu’il y a beaucoup d’Américains d’origine irlandaise, et que ces derniers sont «formidables». D’accord.

Si l’on sait tout cela, c’est parce que la presse était présente lors de ce coup de téléphone. C’est peut-être pourquoi Donald Trump s’est confondu en banalités affligeantes, mais les choses ont encore empiré quand, rapidement à court de conversation, Donald Trump interpelle une journaliste de la RTE, le service public audiovisuel irlandais. «Venez, mais dis donc, vous avez là une bien jolie journaliste, très souriante.» En effet, la journaliste qui se présente a un sourire. De gêne. On se croirait plus dans un concours de miss que dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche. On imagine à l’autre bout du fil l’air gêné du Premier ministre, qui ne se permettrait pas de tels commentaires, d’autant plus qu’il est ouvertement gay.

Mais qu’importe, le sexisme ordinaire de Donald Trump est navrant à plus d’un titre. La journaliste réduite à une pin-up sans cervelle s’en est certainement vite remise, mais un confrère masculin n’aurait pas eu le même traitement. Si des dirigeants se comportent d’une telle manière, difficile alors de sermonner un collègue ou un proche qui a le même genre de comportement. Après tout, les dirigeants sont censés donner l’exemple. Enfin, ils l’étaient. La vidéo a fait le tour du web pour signaler le sexisme de Trump. Mais, pour l’homme d’affaires, une mauvaise publicité sera certainement toujours considérée comme de la publicité.

Audrey Somnard