Le Lyonnais, auteur d’une saison internationale énorme, fait étalage de progrès constants et saisissants. Normalement, l’OL n’a plus le choix.
Suspendu pour la prochaine rencontre des Roud Léiwen, le milieu de terrain semble prêt à décoller. C’est déjà fait en sélection, il lui reste à planer aussi en club.
Le carton jaune un peu bête que Christopher Martins a récolté dans les arrêts de jeu au Kuip, vendredi soir, est une très mauvaise nouvelle pour la sélection, qui en sera privé pour le Belarus, le 31 août prochain, mais pas une si mauvaise affaire pour lui. Il y a en effet gagné l’assurance de pouvoir disputer le match retour contre les Bleus, quatre jours plus tard à Toulouse et au regard de sa situation personnelle en club, il lui faut absolument se montrer au Stadium.
L’Olympique lyonnais n’attend pas cette prestation pour savoir s’il va enfin lui faire confiance et le propulser sur le devant de la scène en Ligue 1. Mais de tous temps, les footballeurs ont eu besoin, pour éclore, de moments précis auxquels leur présence devient une évidence pour tout le monde. Or à la reprise, l’OL a théoriquement prévu de régulariser la situation bancale de sa pépite luxembourgeoise, d’en faire un acteur à part entière de son groupe pro. Le match du 3 septembre pourrait servir à le crédibiliser aux yeux de tout le monde, y compris du public lyonnais.
Merci Gerson et Philipps
Le public luxembourgeois, lui, il sait. Martins vient de lui sortir une saison dingue, marquée par deux changements de postes auxquels il a été à chaque fois immédiatement étincelant, un accident spectaculaire au Belarus (trois dents arrachées à sa gencive et pliées à l’horizontale), des recadrages tranchants de Holtz, tout ça pour aboutir à Rotterdam, où il fut l’un des rares à se montrer à la hauteur de l’évènement, malgré ses 20 ans.
Après l’avoir cisaillé pour les risques inconsidérés de relance qu’il avait pris contre les Bleus (1-3) en mars et clairement montré son agacement au sujet de sa nonchalance dans la course poursuite engagée à la pause contre le Cap-Vert (0-2) quelques jours plus loin, Luc Holtz a dit son amour à son «Kiki» depuis la salle de presse du Feyenoord Rotterdam : «Je salue sa performance. Je ne suis pas là que pour les remettre en place quand il le faut. Il a compris les messages qu’on lui a passés et il vient de nous offrir deux matches de très haut niveau.»
Surtout, il l’a fait dans l’entrejeu, dans un positionnement voulu par Lyon de longue date. Sauter dans la brèche l’été dernier quand une place était à prendre en défense centrale, y montrer son art du duel, sa puissance, ses capacités de relance ne lui a pas suffi. Il a profité à plein de la blessure de Gerson et de la suspension de Philipps. Ses qualités s’expriment devant la défense aussi bien qu’un cran plus bas, mais son style box-to-box y gagne en impact sur le jeu : «Je crois que pour lui, pour sa carrière à Lyon, ce match était un début», a indiqué Holtz. C’est évident, Martins a franchi un palier ces douze derniers mois. Dans la tête surtout. Et le Stadium de Toulouse pourrait bien être LE lieu d’où lancer une carrière.
Julien Mollereau