Même sans côtes maritimes, le Luxembourg veut se battre sur le front des océans, piliers du développement durable.
Surpêche, pollution et réchauffement climatique : le Luxembourg veut prendre sa part de responsabilité pour la menace qui pèse sur les océans. Le pays a confirmé hier son engagement afin de mettre en place des mesures dans le contexte de l’accord de Paris. Le ministère du Développement durable a présenté hier les mesures à prendre afin de lutter contre la pollution des océans et, indirectement, le réchauffement climatique. Il faut savoir que les océans absorbent et stockent près de 30 % des émissions de carbone anthropiques. Ils représentent ainsi un des principaux puits de carbone, c’est pour cela qu’ils doivent être protégés.
Le plastique est l’une des bêtes noires de la pollution des océans. En 2014, le Luxembourg a soutenu un appel lancé par des pays comme les Pays-Bas, l’Autriche, la Belgique et la Suède afin d’interdire les microplastiques utilisés dans certains détergents et cosmétiques, qui représentent ensuite une catégorie importante des déchets marins. C’est la Suède qui est à la pointe de la lutte contre ces déchets. Le pays s’est notamment engagé pour interdire la présence des microbilles de plastique dans les produits cosmétiques. La ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, a assuré le soutien total du Luxembourg à l’initiative suédoise.
Localement, le Grand-Duché a engagé une campagne pour décourager l’utilisation des sacs plastique à usage unique dans les supermarchés, en encourageant les consommateurs à utiliser des sacs réutilisables. Ce nouveau mode d’utilisation devrait permettre de réduire la consommation de sacs plastique de 545 millions sur 10 ans. La ministre a également tenu à insister sur les différentes mesures prises par le gouvernement pour réduire la pollution des eaux usées ainsi que sur les actions de nettoyage réalisées en coopération avec des ONG pour nettoyer les berges. Si les cours d’eau sont nettoyés et propres en amont, c’est autant d’eau claire qui sera déversée plus tard dans les océans.
Une coopération sans littoral
Le Luxembourg est le seul État européen membre de la Commission régionale marine Ospar qui n’a pas de littoral. Il s’agit d’une convention conclue en 1992 à laquelle 15 pays européens coopèrent pour protéger le milieu marin du nord-est de l’Atlantique. Un plan d’action régional a été entrepris, entre autres pour réduire les déchets marins. D’autres conventions internationale s’attellent à protéger les espèces menacées : le Luxembourg a notamment activement collaboré pour la protection de deux espèces de requins et du Mobula (une espèce de raie).
Le pays compte également soutenir des sanctuaires marins tels qu’ils existent en Antarctique dans la mer de Ross. La Commission européenne considère que la désignation des aires marines protégées est une compétence dont elle a l’exclusivité. Le Luxembourg a peur que, dans ce contexte, des considérations d’ordre commercial puissent peser dans la balance de la protection de la biodiversité. Face à ce risque, le pays a déposé son mémoire en intervention auprès de la Cour de justice européenne, afin que les aires marines protégées restent de la compétence des États membres et du domaine de l’environnement. Du côté des projets, le Luxembourg est en train de lancer une étude de faisabilité sur la création d’un instrument de financement («Blue Natural Capital Financing») pour des mesures de protection du milieu marin, en collaboration avec l’Union européenne.
Audrey Somnard