BNP Paribas a écopé mercredi d’une amende de 350 millions de dollars aux États-Unis pour des malversations commises par ses traders sur le marché des changes, qui brasse l’équivalent de 5 300 milliards de dollars de transactions par jour.
« La banque a accordé peu d’attention à la surveillance de son activité de courtage des changes, ce qui a permis à ses traders et d’autres de violer la législation de l’État de New York pendant plusieurs années et d’abuser de la confiance des clients », fustige dans un communiqué Maria Vullo, la patronne du régulateur des services financiers (DFS) de New York.
Elle explique que, de 2007 à 2011, une douzaine de cambistes de l’établissement français basés à New York, Londres et Tokyo se sont entendus sur des plateformes de messagerie instantanée pour manipuler les taux de référence de devises de pays émergents comme le rand sud-africain, le forint hongrois et la livre turque. Un des traders impliqués « a explicitement baptisé le groupe ‘cartel’ dans ses échanges, et appelé le reste des cambistes avec lesquels il était de connivence pour manipuler le prix du rand sud-africain ‘Domination ZAR’ d’après le symbole de cotation du rand qui est Zar », détaille le régulateur.
Ces cambistes élaboraient ensemble, via les forums de discussion, des simulations de courtage sur les devises, s’entendaient pour pousser artificiellement le taux de référence d’une monnaie et encaissaient ainsi des bénéfices indus, déplore encore le DFS. Une des tactiques consistait par exemple à gonfler artificiellement la valeur du rand sud-africain pendant les échanges à New York.
BNP Paribas « regrette profondément »
Louant la « coopération » de BNP Paribas avec les enquêteurs, Maria Vullo affirme que la banque a déjà pris des mesures disciplinaires contre les cambistes et salariés impliqués, dont des licenciements. D’autres ont été contraints à la démission. La firme s’est également engagée à renforcer ses procédures de contrôles internes et de gestion des risques et doit soumettre prochainement un plan pour améliorer la supervision de hauts dirigeants, affirme encore le DFS.
« BNP Paribas regrette profondément les malversations passées (…) qui étaient clairement une violation les normes (d’éthique) standard auxquelles la banque opère », a réagi dans un communiqué la première banque européenne par capitalisation boursière. Elle affirme avoir déjà pris des mesures pour renforcer ses systèmes de contrôle et assure que le montant de l’amende est déjà couvert par les provisions déjà inscrites dans ses comptes.
En 2014, BNP Paribas avait déjà dû s’acquitter d’une amende de près de neuf milliards de dollars aux États-Unis et avait plaidé coupable pour régler son litige concernant la violation d’embargos économiques américains.
Le Quotidien/AFP