La compagnie aérienne britannique à bas coût EasyJet a creusé ses pertes au premier semestre, malgré un nombre record de passagers, la baisse de la livre ayant renchéri ses coûts dans les autres monnaies.
Le groupe a annoncé mardi avoir subi une perte après impôts de 192 millions de livres (225 millions d’euros) au cours du premier semestre, achevé fin mars, nettement plus élevée que les 15 millions de livres enregistrés un an plus tôt.
Sa perte avant impôts, davantage suivie par le marché boursier, a quant à elle atteint 212 millions de livres (contre 21 millions), soit plus que prévu par les analystes.
La chute de la devise britannique depuis le vote pour le Brexit de juin dernier plombe ces derniers mois les comptes d’EasyJet: ses coûts sont en majorité dans d’autres monnaies et donc renchéris par la hausse de ces monnaies face à la livre.
Ce phénomène lui a coûté 82 millions de livres et la compagnie s’attend à ce qu’il engendre des charges de 20 millions de livres au second semestre.
Les fêtes de Pâques sont tombées de surcroît en avril cette année, et pas en mars comme l’an passé. Le premier semestre « reflète le fait que Pâques passe au second semestre ainsi que les effets de changes, ce qui a un impact négatif de 127 millions de livres au total », a expliqué dans un communiqué Carolyn McCall, directrice générale de la compagnie.
Son chiffre d’affaires a quant lui progressé de 3,2% à 1,827 milliard de livres, avec un nombre record de 33,8 millions de passagers. « Nous sommes en pleine croissance et nous poursuivons cette croissance en particulier en France qui est un pays prioritaire », se félicite François Bacchetta, directeur général pour la France.
Il souligne qu’après une période difficile marquée par les attentats, « il y a une reprise du trafic des visiteurs en France », qui est un « marché sous-servi », notamment dans les régions ce qui conduit la compagnie à ouvrir régulièrement de nouvelles lignes.
Toutefois, à l’échelle du groupe, le revenu par siège a reculé de 4,9%, EasyJet mettant en avant, outre l’effet calendaire, l’impact de la concurrence et plusieurs perturbations liées à des grèves, la météo ou des problèmes dans les aéroports, ayant conduit à un nombre plus élevé d’annulations ou de retards.
Mais dans le même temps, le groupe précise qu’il observe une certaine reprise sur plusieurs marchés après les différents attentats l’année dernière.
Carolyn McCall explique que les « réservations pour l’été sont meilleures que l’an dernier, montrant que la demande reste solide ». Elle anticipe ainsi « une amélioration de la tendance pour le revenu par siège ainsi que la poursuite d’un ralentissement de la croissance des capacités des concurrents ».
EasyJet s’attend pour le troisième trimestre à une baisse limitée de son revenu par siège à changes constants.
Le groupe a par ailleurs annoncé convertir une commande auprès d’Airbus de 30 A320 NEO en 30 A321 NEO, qui seront livrés à l’été 2018 et lui permettront de croître dans plusieurs aéroports. « EasyJet transporte davantage de passagers mais gagne moins d’argent sur chaque siège dans ses avions », observe Laith Khalaf, analyste chez Hargreaves Lansdown.
Il note que le groupe « fait ce qu’il peut pour renforcer sa position en des temps difficiles, avec l’espoir qu’une fois les nuages dissipés il volera plus haut que ses rivaux ».
Enfin, EasyJet a confirmé vouloir obtenir d’ici l’été un certificat de transporteur aérien dans un autre pays de l’UE afin d’anticiper les effets du Brexit, mais n’a pas toujours pas fourni de précisions sur son choix.
Basée à l’aéroport de Luton, dans le nord de Londres, la compagnie avait annoncé à l’été 2016 qu’elle voulait ce certificat alors que la sortie britannique de l’UE pourrait remettre en cause le droit des compagnies du Royaume-Uni de voler sans contrainte à travers toute l’Europe.
Le Quotidien / AFP