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Hayange : Macron s’impose dans le bastion du Front national


Repoussé par la police municipale, le groupe d’opposition Plus belle ma ville et Marc Olénine ont perturbé les interviews de Fabien Engelmann. (photo Philippe Neu / RL)

Malgré un niveau élevé en voix (3 324 voix), Marine Le Pen est devancée à Hayange, pourtant bastion FN depuis les municipales de 2014. Emmanuel Macron l’emporte avec 52,45 % des voix.

Bureau de vote 14, à Hayange- Konacker, vers 17h. Les électeurs se pressent pour glisser leur bulletin dans l’urne. Ici, il y a quinze jours, Mélenchon a fait presque jeu égal avec Marine Le Pen. « Moi, je vous le dis tout de suite : je suis à gauche, écolo et j’ai voté Macron aux deux tours. Parce que je suis optimiste », s’enflamme Michel, 61 ans, retraité SNCF. Sa femme, Nicole, 57 ans, vendeuse chez Auchan, au Kirchberg (Luxembourg) insiste : « Peut-on ne pas être européen, alors qu’on vit sans frontière au nord de la Moselle ? Je ne comprends pas les gens qui votent pour le FN, la fermeture et l’exclusion. »

A 20 m, Jean-Charles, la soixantaine, prépare carte d’électeur et carte d’identité. Lui a voté Mélenchon et ne se résout pas à soutenir le candidat d’En Marche ! ce 8 mai. « Ce sera une enveloppe vide, mais il n’y a pas d’ambiguïté, je suis socialiste et anti-Le Pen. »

Ilda et sa voisine, qui marche difficilement avec sa canne, n’auraient manqué le second tour pour rien au monde. « Je sais ce que je dois à la France. Et je tiens à la démocratie. C’est pourquoi je ne vous dirai pas pour qui je vote, mais j’espère que le prochain Président sera… un jeune homme séduisant », sourit-elle.

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19h. Le dépouillement commence salle Molitor. Emmanuel Macron est solide, même sur les deux bureaux de l’hypercentre. Les bulletins nuls et blancs sont très nombreux (10 % au final) et les électeurs ont fait preuve d’imagination. À l’image de celui qui a glissé une feuille de papier toilette avec un bulletin Mélenchon, qui dit : « JLM vous conseille cela pour les cinq prochaines années. »

Une heure plus tard, les soutiens de Fabien Engelmann font grise mine en regardant le visage d’Emmanuel Macron s’afficher en grand. Reprenant les éléments de langage nationaux, le maire FN explique que « certes, nous perdons les élections, mais nous devenons la première force d’opposition de France. Cela se traduira aux législatives, où nous aurons de nombreux députés. » À ses côtés, Hervé Hoff, candidat FN en juin à Hayange, attend son heure, face à une gauche éparpillée façon puzzle.

Derrière lui, le groupe d’opposition Plus belle ma ville et Marc Olénine perturbent les interviews de Fabien Engelmann. « Ils ont perdu. On n’en veut plus. Ououhh », répètent-ils en chœur, au point d’être repoussés par la police municipale dans une ambiance de fin de bal aviné.

21 h 30. Fabien Engelmann a pris le temps d’analyser les résultats. Pour transformer en victoire une défaite symbolique du FN à Hayange : Emmanuel Macron l’emporte de peu avec 52,45 %. Mais en voix (3 324), le parti d’extrême-droite continue sa progression. « Vous verrez, Macron, ce sera du sang et des larmes. Nous récolterons en juin » aux législatives, s’emporte Fabien Engelmann. Monte bientôt de la sono une musique d’anniversaire, en l’honneur du maire (38 ans) et des « Je t’aime » sur un air disco années 80. Une fois encore, Hayange s’est distinguée par l’étrange ambiance qui y règne. Où les partisans du FN traitent les « cocos » d’en face… de « fascistes ». Comprenne qui pourra.

Alain Morvan (Le Républicain lorrain)