Plusieurs trains directs entre Volmerange et Luxembourg doivent être sacrifiés pour soulager le tronçon Bettembourg-Luxembourg.
« Ah non pas ça! C’est le train que je prends tous les matins ! », lâche un usager de la ligne directe Volmerange-les-Mines-Luxembourg qui sera supprimée en 2018 pour se transformer en navette jusqu’à Bettembourg et là, changement de train pour poursuivre jusqu’à Luxembourg. Ce Dudelangeois vient d’apprendre que son train direct qui lui permettait d’arriver à Luxembourg en 20 minutes allait être supprimé. «C’est ce qu’il y avait de plus pratique, ces trains directs», explique celui qui prenait son train peu avant 7h pour se rendre à son travail à Sandweiler. Qu’il se rassure, les directs ne seront pas tous supprimés.
En effet, le ministre du Développement durable, François Bausch, dans sa réponse à une question parlementaire du député libéral Gusty Graas, a confirmé que le projet horaire 2018, révisé avec l’aide d’experts suisses, prévoit de transformer la plupart des trains directs circulant aux heures de pointe entre Volmerange et Luxembourg et entre Rumelange et Luxembourg en navettes jusqu’à Bettembourg et Noertzange.
L’objectif est de réduire le nombre de trains qui circulent aux heures de pointe entre Bettembourg et Luxembourg. Pour les CFL, il fallait faire le choix de sacrifier des lignes pour mieux servir les frontaliers en provenance de Thionville et Metz.
Le calcul a été vite fait pour les CFL. La ligne 60a entre Dudelange et Luxembourg transporte quelque 750 passagers entre 6h et 9h, la ligne 90 en provenance de Thionville en transporte 5 700 dans le même laps de temps. Ces chiffres, François Bausch ne les a pas communiqués au député qui voulait pourtant savoir combien d’usagers allaient devoir changer leurs habitudes. Cependant, il faut encore préciser qu’un train direct sera conservé le matin, celui qui arrive en gare de Luxembourg à 7h14, et un autre le soir, qui partira de Luxembourg à 17h24. Dans le seul train direct du matin qui sera conservé en provenance de Volmerange et à destination de Luxembourg, quelque 200 passagers prennent place, bon an mal an.
Le nombre de passagers sur la ligne 60 n’évolue que très peu quand celui des frontaliers en provenance de Thionville (ligne 90) explose chaque année.
«Dans le contexte du projet de refonte horaire pour 2018, il faut savoir que le nombre de voyageurs a augmenté d’environ 50% au cours des dix dernières années», explique François Bausch dans sa réponse. Il s’empresse d’ajouter que «la seule expansion significative de la capacité de l’infrastructure ferroviaire au cours de cette même période a été la mise à double voie en 2012 de la ligne 70 entre Hollerich et Pétange».
Patience jusqu’en 2020
La gare de Luxembourg et le tronçon entre Luxembourg et Bettembourg sont les principaux points noirs du réseau. L’agrandissement de la gare de Luxembourg et la construction de la nouvelle ligne entre Luxembourg et Bettembourg devraient améliorer la situation, mais pas dans l’immédiat. «Les premiers effets de ces projets ne se feront sentir qu’à partir de 2020, avec la mise en service d’un quai supplémentaire à Luxembourg», précise encore le ministre. D’ici là, il faut satisfaire le plus grand nombre de passagers, d’autant que le taux de ponctualité ne cesse de dégringoler depuis trois ans pour atteindre 89,8% en 2016, alors que le nombre de réclamations des usagers augmente pour passer de 310 en 2014 à 670 en 2016. La majorité se plaint des retards.
Le ministre explique également dans sa réponse à Gusty Graas, qui s’inquiétait de la disparition d’une ligne directe, que la mise en service des nouveaux arrêts de Pfaffenthal-Kirchberg et Howald est prévue pour décembre de cette année. «Les adaptations horaires sont nécessaires pour pouvoir créer au moins quelques relations transversales entre la ligne 10 (ligne du Nord) et la ligne 60 (ligne vers Esch)», poursuit François Bausch.
Les experts suisses qui se sont penchés sur la question ont constaté que les horaires actuels «ne contiennent pas suffisamment de réserves, et ceci aussi bien au niveau des temps de parcours et des roulements du matériel roulant qu’au niveau des capacités de l’infrastructure».
Ils ont donc recommandé, entre autres, de soulager le tronçon Bettembourg-Luxembourg et l’annonce de la suppression des lignes directes entre Volmerange et Dudelange a suscité beaucoup d’inquiétude. Au point de faire l’objet d’une information au conseil communal de Dudelange, ce soir. Il s’agira avant tout de rassurer, de dire que deux trains directs seront conservés, un le matin et un le soir, pour le retour. Et pour le reste, il faudra emprunter le tunnel à Bettembourg et grimper dans un train déjà bondé en provenance de Thionville.
Vivement 2020.
Geneviève Montaigu