Jeudi, le groupe parlementaire du CSV a visité les Domaines Vinsmoselle ainsi que deux vignerons privés. L’idée était de se familiariser avec les « défis et soucis » au sein du secteur viticole et ses « perspectives pour l’avenir », comme le résumait Claude Wiseler, lors d’une conférence de presse en fin d’après-midi.
Le président du groupe parlementaire constate d’abord un « changement structurel », à savoir que ces dernières années la concurrence des vins étrangers a augmenté de manière significative. À quoi s’ajouteraient des « obstacles administratifs inutiles » et un clivage entre production bio et production conventionnelle.
Enfin, estime le député CSV, les vins luxembourgeois mériteraient une stratégie de commercialisation, un marketing conséquent. Une étude entreprise par le gouvernement sur ce sujet attendrait toujours sa publication, regrette Claude Wiseler, qui pense que le marketing ne pourra s’arrêter aux frontières, mais devra également se déployer à l’étranger.
Pour la députée mosellane Octavie Modert, qui a également participé à la visite d’hier, seul un quart des vins vendus au Luxembourg sont d’origine luxembourgeoise. Parmi ceux de l’étranger, les vins blancs seraient les plus prisés.
Au Grand-Duché, où la consommation annuelle de vin est d’environ 44 litres par personne, onze proviendraient du Luxembourg, tandis que les 33 litres restants viendraient d’ailleurs, dont « 30 % en provenance de France et 20 % du Portugal », indique la députée CSV.
D’après Octavie Modert, un meilleur marketing des vins locaux devra insister sur leur « haute qualité », accessible à des « prix raisonnables ». Et pourquoi ne pas ouvrir à Luxembourg, à Bruxelles et ailleurs une «Maison du vin» vantant les mérites de la production locale et servant en même temps de lieu de dégustation et de vente? Voilà du moins ce que le CSV considère comme une stratégie possible pour aider les 316 vignerons locaux.
Mais ce n’est pas tout : pour ne pas inutilement compliquer la vie de ces derniers, le Parti chrétien-social demande que soient supprimés les obstacles administratifs qu’entraîne la nouvelle loi agraire, notamment concernant l’acquisition d’équipements innovants, et ce avec un gouvernement pour qui l’innovation est une priorité, comme le remarque Octavie Modert.
Baisse du nombre de producteurs
Quant aux relations entre les vins bios et ceux produits de façon conventionnelle, il faudrait cesser de « diaboliser l’un à travers l’autre ». Tout le monde n’aurait pas les moyens de se lancer dans la production de vin bio, rappelle la députée. Et tous deux dépendraient de l’utilisation de pesticides, « le bio davantage que le conventionnel », estime l’ancienne ministre de la Culture.
Il faudrait commencer par promouvoir une « coexistence pacifique » entre les deux manières de produire, afin notamment d’empêcher que le nombre de vignerons locaux continue de diminuer.
Selon les chiffres présentés jeudi, on compte aujourd’hui huit vignerons en moins par rapport à 2016. Un secteur qui finalement emploierait environ 1 000 personnes dans toute la région. Le CSV s’étonne d’ailleurs du fait qu’il n’existe pas de concours pour les vignerons, à l’image du prix de l’entrepreneur de l’année, sans doute imputable à l’image vieillotte dont souffrirait la viticulture au Luxembourg, alors qu’il s’agirait d’un secteur extrêmement « innovant et dynamiqu e».
Frédéric Braun