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Retour de spectacle à Differdange : D’jal, tout simplement magnifique


L’humoriste est un sniper du rire. Il vanne à tout va pour le plus grand plaisir de ceux qui le regardent et l’écoutent. (photo DR/Claude Piscitelli)

L’artiste français connu pour son sketch de l’houloucouptère a littéralement mis le feu jeudi soir, à la Aalt Stadhaus de Differdange, avec ses personnages hauts en couleurs et son humour décapant.

Casquette noire et blanche vissée sur la tête, D’jal arrive sur scène encouragé par les applaudissements du public qui n’attend que lui. A peine installé, il joue déjà avec la salle. Il épingle un premier spectateur. «Toi en plus, tu en as rien à foutre, il se gratte les chouquettes», dit-il à la salle déjà morte de rire. «Il se gratte les chouquettes comme si j’étais un DVD». Le pauvre spectateur rebaptisé Boubakar est le premier à faire les frais (avec humour) de ses vannes terriblement drôles.

Car l’humoriste est un sniper du rire. Il vanne à tout va pour le plus grand plaisir de ceux qui le regardent et l’écoutent. «Comment c’est loin ici, ça fait trois jours que je suis parti», lance-t-il. «C’est la première fois que je viens ici. Il y a Luxembourg, il y a rien, il y a rien et Differdange.» Le public rit et encore plus quand il évoque les travaux au centre de la ville. «Ce n’est pas des Portugais qui font ça, ils ont bu !» D’jal décrit sa visite à Lasauvage, un village pour lui complètement improbable. Mais le mieux, c’est quand il raconte son expérience avec la bouneschlupp, un mot qu’il a du mal à prononcer. «Prévenez les gens, il y a des effets secondaires», «il y avait plus de saucissons que de soupe», remarque-t-il.

Votez José !

D’jal narre son arrivée à Luxembourg-Ville. Sa rencontre avec un dealer de la rue de Strasbourg est savoureuse. Celui-ci lui propose des pilules qui font planer. Et même du poulet grillé, « ça fait planer ». Les punks à chien et autres figures de la Gare y passent aussi. L’humoriste n’a vraiment peur de rien, s’attaquant au Grand-Duc et à la Grande-Duchesse en la décrivant comme « un mini-moins ».

L’ancien du « Jamel Comedy Club » parle de sa famille et surtout de sa mère qui lui a appris un « mix de danse ». Cette dame féroce qui aime danser déteste son mari et le trouve moche. « Mes parents, c’est le couple le plus improbable de la terre : une boule avec une quiche », lâche-t-il. Le ramadan, le terrorisme y passent aussi. D’jal aborde ses sujets devenus très sensible avec un grand humour. Il glisse au passage avec justesse que l’Islam «est une religion d’amour, de paix et de partage».

En ces temps de campagne présidentielle, le Lucky Luke de la vanne ne pouvait pas passer à côté du sujet. Devant un pupitre aux couleurs du drapeau français, il incarne José Gonçalves, un Portugais qui veut défiscaliser le travail au noir et qui offre une terrasse toute équipée à celui qui vote pour lui. À Angela Merkel, il demande de baisser le prix de la Mercedes et lorsqu’il s’agit de citer les membres de son gouvernement, il cite volontiers Stéphane Plaza en ministre du Logement, Nabilla en ministre de l’Éducation et Cyril Hanouna en ministre de la Culture. Le public éclate de rire et en demande encore. Il sera servi avec les péripéties improbables d’un vendeur Sud-Américain de chez Zara et avec le sketch du pigeon parisien qui a du mal à décoller…

Fidèle à lui –même, D’jal continue de se moquer de tout le monde et pointe au passage le manque de diversité à la télé. La cerise sur le gâteau, le sketch cultissime de l’houloucouptère arrive enfin, déclenchant une vague de rire. Le sniper de la vanne percutante offre même un cadeau à une audience sous le charme : José Gonçalves en pilote d’avion. Un moment savoureux, inoubliable qui s’est terminé sous un tonnerre d’applaudissements.

Aude Forestier