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Bure : l’Andra remporte une bataille contre les anti-nucléaires


Le réseau Sortir du nucléaire et cinq associations locales demandaient à la justice civile de condamner l'Andra pour "faute", estimant qu'elle a volontairement sous-estimé la richesse du sous-sol. (illustration AFP)

La justice a débouté jeudi en appel des antinucléaires qui demandaient la condamnation de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) en l’accusant d’avoir menti autour du projet controversé de stockage de déchets nucléaires dans la Meuse.

Le réseau Sortir du nucléaire et cinq associations locales demandaient à la justice civile de condamner l’Andra pour « faute », estimant qu’elle a volontairement sous-estimé la richesse du sous-sol – des nappes d’eau chaude situées sous l’emplacement du futur centre où seront enfouis les déchets les plus radioactifs à 500m de profondeur – pour faciliter son implantation. Car l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) exclut une telle entreprise sur tout site en France présentant « un intérêt particulier » pour la géothermie.

En première instance, en mars 2015, le tribunal de grande instance de Nanterre avait jugé que les associations étaient irrecevables car elles ne démontraient pas « avoir un intérêt à agir ». Elles avaient fait appel. Jeudi, la cour d’appel de Versailles a estimé que les demandes de Sortir du nucléaire et de quatre des cinq associations étaient bien recevables, mais les a déboutés car « l’examen attentif de (leur) argumentation ne permet pas de caractériser contre l’Andra la moindre faute », celle-ci rappelant « à juste titre que ses travaux ont été validés par tous ses partenaires ». L’Andra se base sur des études qu’elle a diligentées en 2007-2008 pour estimer que la ressource géothermique du site ne saurait remettre en cause le projet Cigéo au regard des critères de l’ASN. En 2013, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire a émis un avis similaire.

Un risque de perforer les déchets

Les associations contestent la précision de ces études et réclament des forages plus profonds, brandissant un risque vertigineux : l’oubli. Qui se souviendra de la présence de Cigéo 5 000 ou 10 000 ans après sa fermeture ? Si les hommes foraient alors pour atteindre cette ressource « exceptionnelle » d’eau chaude, ils risqueraient de perforer par mégarde les déchets nucléaires, font-elles valoir.

Vieux de déjà presque 20 ans, le projet Cigéo fait l’objet d’une guérilla juridique entre Andra et antinucléaires. Le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc doit se prononcer le 5 avril sur l’éventuelle expulsion d’ opposants qui occupent le Bois Lejuc, où l’Andra compte installer les cheminées d’aération de Cigéo. La justice administrative avait par ailleurs invalidé en février la cession de ce bois à l’Andra. L’Agence doit déposer la demande d’autorisation de création du centre de stockage à l’horizon 2018. Si elle l’obtient, les travaux pourront débuter d’ici à 2021. Le démarrage de la phase pilote est prévu vers 2025.

Le Quotidien/AFP