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L’hôtel Banksy accueille ses premiers clients à Bethléem


Le Walled Off Hotel offre "la pire vue d'hôtel au monde", selon Banksy. (photos AFP)

L’hôtel de Bethléem décoré par le mystérieux artiste de rue britannique Banksy, dont les chambres donnent sur le mur de séparation construit par Israël en Cisjordanie occupée, accueillait lundi ses premiers clients.

Le Walled Off Hotel offre « la pire vue d’hôtel au monde », selon Banksy. Il est situé à seulement quatre mètres du mur et ses neuf chambres sont orientées vers lui. Les prix varient de 30 dollars pour une place dans un lit superposé à 965 dollars par nuit pour la suite présidentielle. Les clients doivent déposer une caution de 1 000 dollars pour éviter les vols des dizaines d’œuvres de Banksy disséminées dans l’établissement. Elles ont été données au profit de la communauté locale, indique le site de l’hôtel.

« Nous attendons des clients de six pays différents », explique son directeur, Wissam Salsaa, qui assure que l’hôtel affiche déjà pratiquement complet pour les trois prochains mois. Selon lui, l’établissement va permettre de « faire entendre la voix des Palestiniens ». L’artiste, qui entretient le mystère sur son identité, n’était pas présent lundi.

Le Walled Off Hotel est à l’image de l’œuvre de Banksy, transfigurant la réalité avec poésie et une fausse naïveté. Sa dénomination joue sur le nom d’une chaîne d’hôtel de luxe (Waldorf) et les mots « walled off » en anglais (« muré », « cloisonné »).

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Symbole honni

Dans un ancien immeuble résidentiel vidé de ses occupants, Banksy a reconstitué avec son équipe un hôtel à l’intérieur un peu suranné, s’amusant à détourner des motifs célèbres pour la décoration. Au-dessus d’un des lits, un soldat israélien et un manifestant palestinien se livrent à une bataille d’oreillers. Dans la suite présidentielle, un jacuzzi est alimenté par un ballon d’eau ressemblant à ceux installés sur les maisons de nombreux Palestiniens. Les conflits, le mur et les Territoires palestiniens sont une source d’inspiration pour Banksy, rendu célèbre par ses peintures anonymes au pochoir dans l’espace public.

Une grande partie de la ville de Bethléem vit à l’ombre des blocs de béton de plusieurs mètres de haut qui forment, à cet endroit, le mur de séparation. Situé à 85% en Cisjordanie, il est pour les Palestiniens l’un des symboles les plus honnis de l’occupation israélienne. Coté palestinien, le mur est aussi un lieu de manifestation et un terrain d’expression politico-artistique. Les fresques qui le recouvrent par endroits en font une attraction. Sa construction a commencé en 2002, au cours de la deuxième Intifada. Selon les autorités israéliennes, il doit protéger le territoire israélien d’attaques venues de Cisjordanie occupée. La Cour internationale de justice l’a déclaré illégal en 2004. Achevé aux deux tiers, ce mur alterne tronçons en béton et clôture et doit atteindre à terme environ 712 km, selon l’ONU.

Le Quotidien/AFP