[BGL Ligue, 18e j.] Quelle Jeunesse pour le derby face au Fola ?

Le Fola a tourné une page informelle de son histoire, cette semaine  : Gérard Lopez n’est plus le président du club. Bon, on a du mal à croire que ce passionné parvienne à distendre le lien qui l’unit à l’entité eschoise, qu’il continuera forcément un peu à piloter (car l’équipe 1 reste nécessairement dépendante de ses largesses). Mais symboliquement, cette petite rupture va compter, puisqu’elle intervient une dizaine d’années tout pile après la mise en branle d’un projet initié par une bande de copains. Ils ont rempli leurs objectifs (dans l’ordre  : remontée en DN, Coupe d’Europe et titre) et se lancent désormais dans la pérennisation du club. Notamment de ses infrastructures.

Pour bien faire comprendre qu’ils ont grandi et expliqué entre les lignes que désormais, sur bien des points, ce sont eux qui dirigent la maison (eschoise), les dirigeants se sont réjouis vendredi, à 48  heures du derby, d’avoir commencé « avec 150 gamins en 2007 » et d’en avoir « désormais 550 »  : « Quand on se promène en ville, désormais, on voit beaucoup de rouge et blanc dans les rues. » Les «Noir et Blanc» apprécieront…

C’est un Fola adulte, mature, sûr de sa force, qu’accueille donc la Jeunesse à la Frontière, ce dimanche. Cette dernière serait bien incapable de le regarder droit dans les yeux, avec ses 14  points de retard et ses cinq ans d’insuccès dans les derbys, si elle n’avait pas eu la bonne idée de battre Differdange le 26  février dernier (1-0). Les Bianconeri n’ont peut-être plus l’aura d’antan, mais il leur reste l’orgueil et ils l’ont déjà montré avec force, dans un passé très récent.

«J’ai été agréablement surpris»

Soyons juste  : c’était sous Carlo Weis, qui ne reculait pas devant une stratégie ultradéfensive assumée. Marc Thomé peut-il dégainer la même? Il a indiqué qu’il chercherait à « jouer sur les points faibles du Fola ». C’est-à-dire? La vitesse de son entrejeu? Une défense toujours orpheline de Julien Klein quand bien même Cédric Sacras nous délivre un intérim très convaincant? En attendant de connaître les recettes du nouveau patron de cette vénérable institution, on prendra acte de ses sensations de prise de fonction. Après deux séances que les joueurs ont apparemment appréciées, Thomé se lance dans cet immense challenge avec plein de bonnes vibrations  : « J’ai découvert des joueurs avec une volonté énorme et qui savent jouer au ballon. J’ai été agréablement surpris. » C’est peut-être que l’image de la Jeunesse ne doit plus être si bonne que ça, à l’extérieur…

Thomé, en tout cas, a décidé d’incorporer d’urgence les juniors et les joueurs de l’équipe réserve (« ayant le niveau ») à ses séances pour éviter de se retrouver à 13 ou 14  garçons seulement certains soirs de semaine. C’est dire à quelle extrémité pousse l’étroitesse de ce groupe. La bonne nouvelle, c’est que Todorovic, bloqué depuis quelques semaines par l’université, va retrouver le chemin de l’entraînement jusqu’en fin de saison et donc l’assurance que le rythme ne sera plus un problème pour lui. Seuls Delgado et Corral joueront encore les intérimaires pour raisons professionnelles et scolaires. Ça reste gênant, mais dans sa situation, la Jeunesse ne peut pas ne pas se sentir soulagée de voir revenir un de ces trois piliers dans le droit chemin, celui du travail à temps complet.

Et elle aura besoin de toutes ses forces vives pour faire chuter ce Fola qui n’en finit plus de marquer en 2017 (3,25  buts en moyenne par match) et n’a pas le droit à l’erreur. Déjà freinée par son match nul à Niederkorn (2-2, 16 e  journée), la troupe de Jeff Strasser a le devoir de ne pas perdre de terrain ces cinq prochaines journées. Entre le 30  avril et le 14  mai, elle jouera en effet deux finales potentielles contre Differdange et le F91.

La Jeunesse n’a plus ce genre de problème. Elle ne se raccroche plus qu’à l’idée d’une 4 e  place depuis longtemps. Et Marc Thomé n’aura aucune influence là-dessus cette saison. Par contre, lui saura sûrement jouer des ficelles psychologiques qui permettront de retrouver les lions qui avaient terrassé le FCD03. Parce que si ce sont les pigeons du match contre Rumelange, l’issue est connue d’avance…

Julien Mollereau