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FC Metz-Montpellier : le match des présidents


Loulou Nicollin, un physique, un verbe unique et, surtout, aucun filtre. (photo AFP)

Metz-Montpellier oppose, ce samedi, deux présidents aux antipodes. Style, personnalité ou communication: Bernard Serin et Louis Nicollin ne jouent définitivement pas dans la même division. Le match dans le match.

Un jour, peut-être, Bernard Serin sera-t-il rebaptisé « Nanar » dans la rue. Qualifié de « truculent président » dans la presse et sollicité à outrance par des médias gourmands de bons mots et de polémiques qu’il débitera en stères, mais sans langue de bois. La méthode Loulou Nicollin en somme, mais ce n’est pas le genre de la maison grenat. À tout point de vue ou presque, le patron du FC Metz est l’exact opposé de son homologue héraultais. Et c’est, du reste, très facile à prouver.

Le feu et la glace

Bernard Serin, 66 ans, est un président discret dans tous les sens du terme. Qui partage l’essentiel de son temps entre Lorraine et Belgique comme il choisit sa parole médiatique. Chaque mot livré en interview est ainsi réfléchi, pesé, soupesé. Son discours est toujours frappé du plus grand sérieux, rarement parasité par l’émotion et encore moins par l’impulsivité. C’est bien simple : ses plus grandes fantaisies publiques ont consisté à raser sa moustache pour fêter une montée ou à porter un boubou pour une inauguration de Génération Foot à Dakar.

À l’inverse, Louis Nicollin (73 ans) est en roue libre. Il ne refuse pas d’interview et snobe allègrement la douane du bon goût et de la bienséance. Champion de France en 2012, il avait, par exemple, coiffé une crête orange et bleue pour fêter son titre et s’était auparavant interrogé sur la concurrence avec la poésie d’un boucher féru de proctologie : « Je me mets à la place du président du PSG qui a un budget de je ne sais pas combien. Quand il voit celui de Montpellier, il doit se poignarder le cul avec une saucisse, le mec. » Nicollin-Serin, c’est le feu et la glace, Le Bébête Show contre Le club de l’économie …

Des armes et des poubelles

Bernard Serin fait partie des « présidents payeurs » auxquels Louis Nicollin voue toute son estime. Comme les Rousselot, Seydoux et autres Aulas… Mais, là encore, les fonds de commerce et les chiffres d’affaires diffèrent. « Roi des poubelles », le Montpelliérain dirige un groupe de nettoyage urbain et de traitement des déchets.

Le Messin, lui, est le PDG de CMI, puissant groupe belge basé à Seraing, spécialisé dans l’énergie, la sidérurgie, l’industrie en général et la défense. Oui, il arme aussi des chars d’assaut avec des tourelles-canons. Les chiffres d’affaires ? 1,317 milliard d’euros pour CMI en 2015, contre 303 millions au groupe Nicollin. Le point commun ? Les deux sont impliqués… dans l’environnement.

Tarlouze contre Bataclan

Serin est un fournisseur avare en matière de polémique, mais il a fauté au moins une fois, via cette phrase : « J’oserais presque la comparaison, c’est comme si, il y a quinze mois, la justice avait condamné le Bataclan. » Ce parallèle malheureux, lâché après la sanction du FC Metz dans l’affaire des pétards, a fait son petit effet : il a agité la gazette durant quelques jours et parfaitement éclipsé une défense pourtant brillante. Une polémique « totalement incompréhensible », a réagi le président après-coup.

Nicollin, lui, ose et assume tout. Il se moque du service après-vente et ne s’inquiète jamais des éclaboussures. Car Loulou flingue sans préméditation ni discernement. Benoît Pedretti, qualifié de « petite tarlouze », peut témoigner. Francis Decourrière, « le plus con », « le vieux, là » qui présidait Valenciennes, se souvient aussi. Et sa vision de la femme vaut le détour : « Comme il y a plus de connasses que d’intelligentes, il faut faire un choix… » Classe.

Coach sous le choc

Reste enfin la gestion des entraîneurs pour illustrer ce contraste. Encore une fois, Serin mûrit ses décisions, en secret, avant de trancher dans le vif. Il peut aussi soutenir son staff, comme il l’a fait récemment en rappelant que le vestiaire était derrière Philippe Hinschberger.

Avec Nicollin, la rupture est souvent précédée de déclarations fracassantes. Comme d’autres avant lui (Courbis, Fernandez, Girard), Frédéric Hantz, alias « M. boudeur », qui « ne pense qu’à sa gueule », a été laminé médiatiquement et il ne devrait pas s’éterniser dans l’Hérault. Choquant Loulou ? « Chacun fait l’amour à sa femme comme il veut. »

Christian Jougleux (Le Républicain lorrain)