Le syndicat chrétien des cheminots revient sur l’année écoulée, mais aussi sur les difficultés que doivent affronter les agents des chemins de fer. Un secteur dont la réforme s’accompagne de certains déraillages…
Améliorer le bien-être et la sécurité du personnel est une priorité pour la FCPT/Syprolux, qui pointe notamment le ras-le-bol des cheminots qui doivent actuellement réaliser de grands travaux d’infrastructures «mal anticipés».
Voilà un an que Mylène Wagner-Bianchy a pris la tête du syndicat chrétien des cheminots. Une année marquée par «l’accent net mis sur le volet bien-être du personnel». Elle cite la mise en place d’un processus de prise en charge des agents ayant des problèmes de dépendance (drogue, alcool, etc.).
«Un problème qui existe et qu’il ne faut pas nier. Le stress et la pression montent, et certains compensent malheureusement de cette façon. Donc il faut améliorer la prise en charge de l’agent, plutôt que de le mettre en maladie ou de le sanctionner.» La prise en charge des agents inaptes s’améliore également. Par inaptes, il faut entendre ceux qui ne peuvent plus exercer sereinement leur métier initial. Par exemple, «le conducteur de train qui souffre de tension artérielle trop élevée ne peut plus exercer son poste, pour sa sécurité et celle des autres. Désormais, on essaie de transférer cet agent vers d’autres services.»
Un sondage a par ailleurs été réalisé auprès du personnel pour connaître son avis sur le bien-être et la sécurité. «On était d’abord méfiant car, dans le passé, ce genre de sondage n’a pas toujours débouché sur des réponses concrètes.»
Mais le syndicat a tout de même encouragé le personnel à y répondre, car «notre service psychologique affiche une augmentation des consultations, pour des cas de conflits sur le lieu de travail, de burn-out, de bore-out et de harcèlement. Il faut donc que les gens disent concrètement ce qui cloche.»
Les résultats sont attendus pour la mi-décembre. «En contrepartie, on exige tous les résultats et l’établissement d’un plan d’action avec des mesures concrètes» prévient-elle, appelant notamment au renforcement du personnel de sécurité dans les trains.
«Dangereux pour eux et pour les autres»
Elle rapporte également le ras-le-bol de ceux qui accompagnent actuellement les grands travaux d’infrastructures sur les réseaux des CFL. «Ces travaux étaient nécessaires et illustrent un dynamisme, donc c’est bien, mais le problème, c’est qu’on manque d’effectifs pour les réaliser. En ce moment, les gens qui travaillent sur les voies et les caténaires, qui sont dehors tout le temps, subissent une surcharge de travail.»
Et ce, malgré le fait que le groupe CFL embauche chaque année entre 150 et 200 agents. «Cela ne suffit même pas. On les embauche, mais la formation est difficile et prend énormément de temps. Un conducteur de train doit apprendre la réglementation luxembourgeoise, mais aussi française, allemande et belge, car on est un pays limitrophe. Idem pour le personnel d’accompagnement des trains. Donc cela décourage pas mal de gens.»
Bref, «il y a un manque d’anticipation pour ces travaux, on n’avait pas prévu qu’ils prendraient une telle envergure». Résultat, «de plus en plus d’agents doivent travailler la nuit, les dimanches et les jours fériés pour limiter l’impact sur le trafic ferroviaire. On arrive à la limite où ça devient dangereux pour eux et pour les autres.»
Romain Van Dyck