En première instance, trois prévenus avaient écopé de 22 ans de réclusion. Le dernier avait été acquitté. Mardi, leur procès devant la Cour d’appel s’est ouvert.
Dans la nuit du 2 au 3 avril 2013, vers 3 h 40, une bande lourdement armée attaquait le siège du transporteur de fonds G4S, situé dans la rue du Père-Raphaël à Gasperich. L’attaque avait été très violente. Les auteurs n’avaient pas hésité à mitrailler les policiers avec leurs armes automatiques pour couvrir leur fuite. Au moins 85 coups de feu avaient été tirés.
Le 25 mai 2016, la chambre criminelle avait retenu la culpabilité d’Anouar B. (36 ans), Dogan S. (45 ans), Cihan G. (32 ans) poursuivis notamment pour tentative de meurtre. Ils avaient écopé de 22 ans de réclusion. Seul Simon S. (27 ans) avait été acquitté. C’est un faisceau d’indices qui avait amené les quatre hommes résidant en Belgique sur le banc des prévenus. Ainsi, la batterie de 12 volts saisie sur le site de G4S à Gasperich contenait les traces ADN d’Anouar B. Sur les bouchons des deux bidons d’essence retrouvés à Garnich, les experts avaient recueilli les traces ADN de Cihan G. et Dogan S.
Au cours du premier procès, les avocats à la défense avaient évoqué l’hypothèse d’un transfert secondaire des traces et plaidé l’acquittement. Mardi, au premier jour du procès devant la Cour d’appel, ce sont à nouveau les traces ADN qui auront dominé les débats. Dès le début de l’audience, la défense a sollicité l’audition de trois experts en la matière. «L’ADN d’Anouar B. a été retrouvé en très faible quantité sur la batterie, a argumenté Me Frédéric Mioli, l’un des avocats du trentenaire. C’est un élément crucial dans ce dossier. Qu’on fasse revenir les experts.»
Après une courte suspension, la chambre criminelle de la Cour d’appel a décidé d’entendre une experte en génétique vendredi à 9 h. Quant à la demande d’entendre deux autres experts suisses, elle a été jointe au fond.
À la barre, les prévenus ont de nouveau clamé leur innocence, mais n’ont pas vraiment su livrer d’explication concernant leurs traces ADN retrouvées sur les lieux du crime. «Je n’ai jamais touché cette batterie dans ma vie. Je n’ai pas de réponse. Mais je ne suis pas un criminel», s’est exclamé Anouar B.
ADN : «Je n’ai toujours pas d’explication»
Même refrain du côté de Dogan S. : «Je suis innocent.» À la présidente qui remarquait que son ADN avait pourtant été retrouvé sur un bouchon d’essence ayant servi à la fuite des auteurs après le braquage, le quadragénaire a répondu : «Cela fait trois ans qu’on me le répète, je n’ai toujours pas d’explication pour cet ADN.» Le troisième homme Cihan G., dont l’ADN avait été retrouvé sur un jerricane, a également maintenu ses contestations : «J’ai travaillé dans le bâtiment. Je n’ai pas l’historique de tous les bidons que j’ai touchés. Pour moi, c’est un outil de travail.»
L’audition du quatrième prévenu Simon S. acquitté en première instance aura été la plus courte. Pour rappel, lors de la perquisition à son domicile en juin 2013, les enquêteurs avaient saisi des chargeurs kalachnikov scotchés de la même manière que ceux utilisés par les auteurs à Gasperich. Il avait déclaré être un passionné de chargeurs. «Je maintiens ce que j’ai dit en première instance», a-t-il affirmé en espérant la confirmation du premier jugement. Le procès se poursuit vendredi matin avec l’audition de l’experte en génétique. Suivront les plaidoiries des huit avocats de la défense. Au total encore six audiences sont prévues jusqu’au 13 décembre.
F. A.