Si leur personnalité les oppose, le programme des candidats démocrate et républicain, Hillary Clinton et Donald Trump –dont il fut finalement assez peu question durant une campagne marquée par les insultes et les attaques personnelles– témoigne des fractures de la société américaine, entre ouverture au monde et isolationnisme.
IMMIGRATION
C’est l’un des principaux axes de la campagne du candidat républicain. Donald Trump souhaite ériger un mur de 1 600 km de long à la frontière avec le Mexique afin de lutter contre l’immigration clandestine. Il entend faire payer la construction du mur par le gouvernement mexicain.
Le milliardaire a annoncé vouloir expulser les onze millions d’immigrants sans papiers qui vivent actuellement aux États-Unis et prône l’annulation du droit du sol.
ÉCONOMIE
Donald Trump n’a eu de cesse au cours de la campagne de vilipender les traités de libre-échange signés par les États-Unis, responsables selon lui des délocalisations dont ont été victimes les classes populaires. Son protectionnisme va à l’encontre de la doxa du Parti républicain. Trump a promis la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. Il s’oppose également au partenariat transpacifique (TPP), en cours de ratification. Trump ne soutient les accords internationaux et de libre-échange que s’ils «font gagner l’Amérique». Il veut réinstaurer les frais de douane.
Le promoteur immobilier souhaite baisser massivement les impôts, y compris pour les plus riches. Il propose de ramener le nombre de tranches d’imposition de sept à trois avec des taux de 12 %, 25 % et 33 % pour la tranche la plus élevée (contre 39,6 % actuellement). Il supprimerait l’impôt sur les successions et baisserait l’impôt sur les sociétés de 35 à 15 %, en espérant que toutes ces mesures relanceront la croissance et l’emploi et diminueront la dette. Pour juguler la dette, Trump veut réduire le budget du département de l’Éducation et de l’Agence fédérale de protection de l’environnement.
PORT D’ARMES
Le programme du candidat républicain réaffirme que la détention d’armes à feu est «un droit naturel et inaliénable (…). Un droit donné par Dieu à l’autodéfense». Trump est un farouche défenseur du deuxième amendement de la Constitution américaine qui garantit à tout citoyen américain le droit de porter des armes.
AVORTEMENT
Donald Trump s’est rallié à l’idéologie du Parti républicain en affirmant que l’embryon «a un droit fondamental à la vie qui ne peut être enfreint».
SANTÉ
Donald Trump déclare vouloir abroger la loi sur l’assurance-santé universelle dite Obamacare. Il propose d’ouvrir ce domaine à la concurrence et de permettre la déduction des frais d’assurance maladie de la déclaration de revenus.
SÉCURITÉ
En décembre 2015, après l’attaque terroriste de San Bernardino (Californie), Trump envisageait une interdiction totale de l’entrée aux États-Unis pour les musulmans, avant de reculer face à l’impossibilité constitutionnelle d’appliquer une telle mesure. Il s’oppose à l’accueil de réfugiés syriens sur le sol américain.
ENVIRONNEMENT
Le candidat républicain nie l’impact de l’homme sur le réchauffement climatique et veut se retirer de l’accord de Paris signé à la COP21. Il souhaite relancer la production d’énergies fossiles et la construction de l’oléoduc Keystone XL qui devait relier le Canada au golfe du Mexique.
POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Donald Trump épouse l’idéologie isolationniste. Pour le New-Yorkais, les États-Unis n’ont plus les moyens d’être «les gendarmes du monde». Il veut que les alliés des États-Unis au sein de l’OTAN payent plus pour assurer leur propre sécurité. Si ce n’était pas le cas, il menace de sortir de l’organisation. Il estime que celle-ci doit se concentrer plus sur la lutte contre le terrorisme et les flots migratoires et moins sur la force de dissuasion envers la Russie.
Il souhaite renégocier l’accord nucléaire avec l’Iran de 2015.
Trump a appelé à la destruction de l’État islamique sans donner plus de détails, invoquant la nécessité de préserver un «effet de surprise». Il se dit ouvert à une coopération avec la Russie sur ce point.
IMMIGRATION
Hillary Clinton veut faciliter l’accès à la citoyenneté américaine pour les 11 millions d’immigrants sans papiers, à condition qu’ils n’aient pas commis de crimes violents. Elle est favorable à l’accueil de 65 000 réfugiés syriens.
ÉCONOMIE
Souvent décrite comme proche de Wall Street, la candidate démocrate propose de relever la fiscalité des plus riches en plafonnant les niches fiscales et en instaurant notamment un taux minimum d’imposition de 30 % pour les foyers gagnant plus de deux millions de dollars. Elle veut également relever les taxes foncières et propose aussi de taxer à 65 % (contre 40 % aujourd’hui) les successions supérieures à 500 millions de dollars pour une personne seule et à un milliard de dollars pour les couples.
Elle s’est également engagée à relever à 12 dollars le salaire minimum fédéral.
En ce qui concerne le libre-échange, l’ancienne secrétaire d’État ne compte pas revenir sur l’Alena, mais reste opposée au TPP (accord transpacifique passé avec une douzaine de pays asiatiques) en l’état, pour rassurer l’électorat qui craint des délocalisations. Elle l’avait pourtant soutenu auparavant.
Comme son adversaire, Clinton prône un plan de reconstruction et de remise en état des infrastructures, créateur d’emplois.
PORT D’ARMES
Clinton veut étendre les contrôles sur les antécédents des acheteurs et encadrer les foires et les ventes sur internet. Elle souhaite abroger dans certains cas (comme les fusillades de masse) les lois qui protègent des poursuites les fabricants, les distributeurs et les marchands d’armes.
AVORTEMENT
«Pro-choice», l’ex-première dame soutient le droit à l’avortement et souhaite assurer à chaque femme ce droit avec un accès universel à des services de santé de qualité.
SANTÉ
Clinton ne propose pas l’abrogation de l’Obamacare, mais veut améliorer le dispositif en élargissant l’accès aux systèmes publics de couverture maladie Medicare (réservé aux plus de 65 ans) et Medicaid (réservé aux plus modestes).
SÉCURITÉ
Clinton veut collaborer avec les géants d’internet (Google, Apple, réseaux sociaux…), des professeurs et des imams pour contrer la propagande jihadiste.
UNIVERSITÉ
Hillary Clinton propose de supprimer les frais de scolarité dans les universités publiques pour les étudiants dont la famille gagne moins de 85 000 dollars par an.
ENVIRONNEMENT
Elle promet de respecter l’accord de Paris et veut réduire de 30 % les émissions de gaz à effet de serre des États-Unis d’ici à 2025 par rapport aux niveaux de 2005.
Elle veut consacrer 60 milliards de dollars à un plan énergétique et souhaite faire installer 500 millions de panneaux solaires avant la fin de son mandat.
Elle souhaite en revanche poursuivre l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste, même si elle veut durcir les règles d’extraction.
POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Hillary Clinton est considérée par ses détracteurs comme une «néoconservatrice» adepte de l’interventionnisme américain. Elle a piloté et défendu l’intervention de la coalition en Libye lorsqu’elle était secrétaire d’État.
Elle s’oppose à Donald Trump sur l’OTAN, considérant que l’organisation est un bouclier essentiel qu’il convient de renforcer pour faire face aux velléités d’expansion de la Russie, vis-à-vis de laquelle l’ancienne sénatrice de l’État de New York est jugée plus intransigeante que Barack Obama.
Contre l’État islamique, elle appelle à un renforcement des raids aériens américains en Irak et en Syrie et souhaite instaurer une zone d’exclusion aérienne en Syrie.
Hillary Clinton soutient l’accord nucléaire avec l’Iran, mais reste très critique sur l’attitude de Téhéran. Elle veut également accroître la pression sur la Corée du Nord pour que le pays abandonne l’arme nucléaire.