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Un nouveau bar-musée pour amateurs d’anatomie et de macabre à Brooklyn


Ryan Matthew Cohn dans son premier musée personnel, sa "House of Wax" (Maison de cire), le 28 octobre 2016 dans le quartier new-yorkais de Brooklyn. (Photo : AFP)

Sa passion est née dès l’enfance, lorsqu’il a commencé à ramasser cadavres de salamandres et ossements d’animaux trouvés dans la nature.

Près de trois décennies plus tard, Ryan Matthew Cohn a trouvé comment partager sa «fascination pour l’anatomie, l’histoire et la science»: un musée-bar dans le quartier new-yorkais de Brooklyn, où il a fait installer le long des murs de grandes armoires de verre, soigneusement étiquetées, abritant masques mortuaires, foetus anormaux, bustes grossièrement déformés par des corsets ou membres attaqués par la syphilis…

Après des mois d’efforts, sa «House of Wax» (Maison de cire), aux teintes noires et rouge sang, a ouvert cette semaine, juste à temps pour Halloween, fête idéale du calendrier pour célébrer son goût du macabre. M. Cohn, un new-yorkais de 36 ans, tout de noir vêtu et petite tête de mort à la boutonnière, ouvre ainsi son premier musée personnel, après avoir entassé pendant des années ses précieuses trouvailles dans son appartement.

Un rêve devenu réalité grâce au fondateur des cinémas Alamo, Tim League, qui lui a proposé d’ouvrir ce lieu à côté d’un cinéma qu’il inaugurait dans le nouveau centre commercial de Center Point à Brooklyn. Et grâce au rachat en mars 2015 de la riche collection berlinoise Castan, qui ferma ses portes dans les années 20 et comptait des pièces remarquables telles une «Vénus anatomique» –un corps féminin dont certains organes internes sont visibles comme lors d’une dissection– signée E.E. Hammer, un des grands noms de la sculpture en cire en vogue au XIXe siècle.

Diversité humaine

«Je suis là-dedans depuis des années, je suis connu dans le milieu donc je suis parmi les premiers prévenus quand quelque chose de ce genre est à vendre», explique M. Cohn, habitué à se fournir en Europe où se trouvent selon lui les plus beaux spécimens. «Quand on m’a prévenu que cette collection était à vendre à Munich, j’ai pris l’avion et j’ai décidé de l’acheter sur le champ.»

En 48 heures, la transaction était entendue –pour «beaucoup de milliers de dollars», dit-il sans autre précision– et l’emballage des très fragiles coffrets lancé pour les expédier aux États-Unis dans un conteneur géant. Avec quelques pièces provenant de sa collection personnelle, le bar-musée compte près de 200 pièces qui, au-delà des curiosités des facultés de médecine, incluent aussi des masques mortuaires d’hommes célèbres comme Beethoven ou Napoléon, ou des bustes censés représenter la diversité de la race humaine: Soudanais en turban, Indien du Canada ou Bushman d’Australie…

Car ces collections en cire jouaient aux XIXe siècle un rôle éducatif non seulement sur le fonctionnement du corps ou les curiosités médicales mais aussi sur les différents peuples du monde, «jusqu’à l’invention du cinéma» qui les rendit caduques, explique M. Cohn. Dans cette atmosphère macabre, une cinquantaine de clients trinquaient joyeusement vendredi soir, avec parfois dans leurs verres des cocktails inspirés de pièces de sa collection, «Masque mortuaire de Napoléon» ou «Nymphe Lolita».

Entré par hasard en cherchant le cinéma, Michel Marriott était ravi d’avoir découvert un endroit original qui confirme pour lui le dynamisme du «nouveau Brooklyn». «J’aime ce genre de curiosités, c’est le genre de choses qu’on trouverait dans une école de médecine ou chez un collectionneur excentrique. Je croyais que les restaurants à thème étaient dépassés, mais là, ils ont trouvé une nouvelle façon d’attaquer le créneau», estimait ce new-yorkais de 63 ans.

Ally Bonino, 26 ans, applaudissait elle aussi. «C’est vraiment cool, c’est très style Victorien, sombre et mystérieux… Je n’ai jamais vu un bar comme ça, d’habitude il faut payer cher pour voir ce genre de choses, surtout à New York!»

Le Quotidien/afp