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Bijouterie cambriolée à Schifflange : 20 ans requis


Les malfrats avaient dérobé des bijoux d'une valeur de 37 000 euros. (photo d'illustration LQ)

Le 30 mai 2012, vers 4 h, une bijouterie située rue de la Libération à Schifflange avait été cambriolée par plusieurs individus. Les malfrats s’étaient enfuis avec des bijoux d’une valeur de 37 000 euros. Jusqu’à présent, les traces ADN retrouvées sur les lieux ont permis d’identifier deux hommes.

Outre le vol à l’aide de violences et de menaces, le parquet reproche au prévenu une tentative de meurtre : le bijoutier de Schifflange avait failli être écrasé. Mercredi après-midi, seul Ljubinko D. (52 ans) était convoqué à la barre de la 9e chambre criminelle mais le prévenu, qui a bénéficié en octobre 2015 d’une remise en liberté, ne s’est pas présenté à son procès.

«Dans la nuit, on a été réveillés par un gros fracas. J’ai ouvert les volets. J’ai jeté les bacs à fleurs par la fenêtre vers les auteurs», a témoigné, mercredi, le bijoutier qui habite au-dessus de son magasin à Schifflange. Ce n’était pas la première fois qu’il se faisait cambrioler le 30 mai 2012. En 2010, il s’était fait dérober des bijoux d’une valeur de près de 140 000 euros. Et environ trois semaines avant le 30 mai, il avait constaté une tentative de cambriolage. «Ma femme a appelé la police, je suis descendu, poursuit le bijoutier. Entretemps l’alarme s’était déclenchée.»

Au passage, il avait attrapé une batte de baseball. Il voulait empêcher que les cambrioleurs prennent la fuite avec leur voiture. «Je pense qu’ils étaient trois.» Lors de l’altercation avec l’un des cambrioleurs à l’extérieur de la bijouterie, le propriétaire avait failli être écrasé par le véhicule des cambrioleurs. «J’ai dû faire un saut sur le côté.»

«J’avais peur pour mon mari. Ils portaient des cagoules», confirme son épouse qui a observé la scène depuis la fenêtre. Mon mari a presque été écrasé. C’était terrible. Depuis, ma vie a complètement changé.»

Un voisin était également descendu dans la rue. Voyant que les malfrats prenaient la fuite, il avait jeté son marteau de charpentier à travers la lunette arrière de leur voiture. Un autre voisin, quant à lui, avait filmé la scène avec son portable. Ce qui a permis de visualiser les manœuvres du véhicule mercredi à l’audience. Pour l’enquêteur, le conducteur n’avait pas d’autre motif de mettre la marche arrière que celui d’écraser le bijoutier.

Le véhicule des fuyards avait été retrouvé par une patrouille de police une heure plus tard un peu plus loin à Schifflange. Il s’avère que la voiture avait été déclarée volée un mois plus tôt en Allemagne. À côté de la masse et de la pierre ayant servi au cambriolage, les agents avaient également retrouvé deux lampes de poche des cambrioleurs. Ce sont les traces ADN retrouvées sur différents outils et dans la voiture qui ont finalement permis d’identifier, via la base de données, deux hommes. Alors que le premier n’a pas encore pu être entendu, le prévenu Ljubinko D., absent mercredi, avait été confronté le 3 juin 2014 à ses traces ADN. Aux enquêteurs, il avait déclaré ne pas avoir été présent.

«Son ADN se trouvait sur le levier de vitesse»

Or pour le parquet il y a suffisamment de preuves dans le dossier qui disent le contraire. «Son ADN a été retrouvé sur la masse, le levier de vitesse de la voiture et des gants noirs, énumère le premier substitut Martine Wodelet. Il dit avoir prêté les affaires à quelqu’un. Si tel avait été le cas, il aurait fallu avoir l’ADN d’autres contributeurs sur les objets. L’expert a conclu que le prévenu était le dernier utilisateur des objets.» Elle poursuit : «Comme l’ADN se trouvait sur le levier de vitesse, il doit avoir été le dernier conducteur de la voiture. Celui qui a donc manœuvré pour tenter d’écraser le bijoutier.»

Pour le parquet, il y a bien lieu de retenir la tentative de meurtre : «On a entendu les témoins. Ils sont unanimes pour dire que le conducteur voulait l’écraser.» La représentante du ministère public estime que la tentative de meurtre a été commise pour assurer la fuite et maintenir la possession des objets soustraits, dont la valeur s’élève à 37 000 euros. Elle a fini par requérir 20 ans de réclusion à l’encontre de Ljubinko D.

Selon le parquet, le prévenu n’est pas un inconnu. Il a déjà fait de la prison en Allemagne et en Suisse et en Autriche il est également suspecté dans différentes affaires. L’avocate de la partie civile représentant la compagnie d’assurance, quant à elle, réclame près de 46 000 euros d’indemnisation.

Prononcé le 24 novembre.

Fabienne Armborst