L’hommage poignant aux victimes de l’attentat du 14 juillet a débuté samedi à Nice, en présence de François Hollande, de plus d’un millier de victimes et de proches, et de politiques qui ont mis les polémiques de côté en ce jour de recueillement.
« Nice et la France entière pleurent 86 victimes. Notre tristesse est indéfinissable », a déclaré Cindy Pellegrini, une proche de victimes, qui a lu un texte en mémoire aux morts et aux blessés, sur la colline du château.
« Nous espérons au plus profond de notre coeur que désormais, chaque 14 juillet, chacun d’entre vous admirera le ciel en pensant que chaque étoile est une vie brisée à jamais », a-t-elle déclamé, d’une voix teintée d’émotion.
Honneurs militaires sur la Colline du château, Marseillaise, Méditerranée en arrière plan : la cérémonie avait débuté quelques minutes plus tôt avec l’arrivée du chef de l’Etat sous un soleil d’automne.
Autour de lui, des ministres, des personnalités politiques dont le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone, l’ex-président de la République Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire, Alain Juppé, François Fillon, Marine Le Pen ou encore Marion-Maréchal-Le Pen. Deux cent familles endeuillées, plus 1.000 victimes et personnes choquées ainsi que des délégations étrangères, ont également été invitées.
La cérémonie s’est poursuivie avec la lecture du nom et de l’âge du décès de chacune des 86 victimes, dont 15 enfants et adolescents et près d’un tiers de personnes musulmanes, et le dépôt d’autant de roses blanches sur une fontaine éphémère, au centre d’un rectangle de gravier blanc.
Le président de la République devait ensuite prendre la parole.
L’hommage se tient dans un climat alourdi par son impopularité et l’annonce répétée aux Français que cet attentat ne serait pas le dernier, à l’issue d’une semaine marquée par les polémiques nées de la publication d’un livre de confidences écrit par deux journalistes du Monde.
Familles endeuillées
M. Hollande a la difficile tâche d’offrir aux familles endeuillées et aux nombreux blessés un moment de recueillement et d’unité nationale dans une ville qui est aussi un fief sarkozyste.
Quatre jours après l’attentat, le plus important qu’ait connu la France depuis ceux de janvier (17 morts) et novembre 2015 (130 morts) à Paris et Saint-Denis, le Premier ministre Manuel Valls y avait été hué lors d’une minute de silence.
Durant l’été, une violente polémique avait suivi l’attentat, notamment autour du dispositif de sécurité mis en place le 14 juillet dans la ville. La droite avait accusé le gouvernement de laxisme dans la lutte antiterroriste et l’extrême droite, très enracinée à Nice et sa région, avait appelé à la démission du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.
La cérémonie se tient alors que du côté judiciaire, l’enquête sur l’attentat se poursuit. Elle a établi que son auteur, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, un Tunisien installé à Nice depuis plus de dix ans, avait loué un lourd camion et repéré les lieux les jours précédents. A ce stade, les investigations n’ont pas établi ses liens directs avec le groupe Etat islamique qui a revendiqué l’attentat.
A Nice, le parquet est également saisi d’une dizaine de plaintes pour mise en danger délibérée de la vie d’autrui visant l’Etat mais aussi la mairie, accusés d’avoir mal protégé le site, où 30.000 personnes s’étaient rassemblées pour le feu d’artifice ou sous-évalué le danger.
Outre les Français, 19 nationalités ont été frappées. La Côte d’Azur reçoit 11 millions de touristes chaque année, la moitié de l’étranger. Pénalisés économiquement par l’attentat, les hôteliers et taxis de Nice ont offert la gratuité aux victimes venues pour l’hommage.
Quinze blessés sont toujours hospitalisés en France et à l’étranger.
Le Quotidien/afp