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Les combats font rage à Alep après un nouvel échec diplomatique à l’ONU


Des soldats syriens pro-gouvernement, à Alep, le 8 octobre. (photo AFP)

Régime syrien et rebelles s’affrontaient violemment dimanche à Alep après l’échec d’une nouvelle tentative diplomatique pour apaiser les souffrances de la population, Moscou ayant bloqué à l’ONU un texte français sur la cessation des bombardements.

Plus de deux semaines après le début d’une offensive d’envergure, l’armée syrienne –appuyée par les frappes de son allié russe– continuait de progresser rue après rue pour reprendre les quartiers Est d’Alep contrôlés par les rebelles depuis 2012.

« Des affrontements au sol, accompagnés de violentes frappes aériennes, ont eu lieu toute la nuit et se poursuivent dimanche, notamment dans le quartier Cheikh Saïd » dans le sud, a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Le correspondant de l’AFP dans la partie rebelle a également rapporté des bruits de combats et de raids aériens incessants toute la nuit et dimanche en début d’après-midi.

Les raids ont permis aux troupes du régime de prendre le contrôle de Jandoul, un carrefour clé dans le nord de la ville, selon l’OSDH et le quotidien Al-Watan proche du régime de Bachar al-Assad.

D’après le journal, cette avancée permet à l’armée de se positionner désormais « à quelques mètres de plusieurs quartiers » rebelles dans la partie nord-est de la ville.

Hellok, Inzarat et Aïn al-Tall sont désormais à découvert face à l’artillerie du régime, d’après le journal.

Selon l’OSDH, 290 personnes –des civils pour la plupart– dont 57 enfants, ont été tuées à Alep par des tirs d’artillerie et surtout des raids aériens du régime et de Moscou depuis le lancement de l’offensive le 22 septembre.

Les insurgés répliquent aux bombardements en tirant sur les secteurs progouvernementaux des roquettes qui ont tué 50 civils dont neuf enfants depuis le début de l’offensive, selon l’OSDH.

Dimanche, « un enfant a été tué et deux personnes ont été blessées dans des tirs de roquettes de terroristes sur le quartier de Hamdaniyé » dans la partie gouvernementale de la ville, rapporte l’agence officielle Sana, en référence au terme utilisé par le régime pour désigner les rebelles.

« Guernica, Srebrenica, Alep »

Alep est le principal enjeu du conflit qui ravage la Syrie depuis cinq ans et demi, faisant plus de 300.000 morts et provoquant la pire tragédie humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale.

Toutes les initiatives diplomatiques pour tenter de faire cesser les combats dans la métropole meurtrie ont à ce jour échoué.

Samedi à l’ONU, la Russie a, comme elle l’avait annoncé, mis son veto à un texte présenté par la France qui appelait à une cessation immédiate des bombardements à Alep. La proposition française a recueilli l’adhésion de 11 des 15 pays membres du Conseil de Sécurité: la Russie et le Venezuela ont voté contre, la Chine et l’Angola se sont abstenus.

C’est la cinquième fois que la Russie utilise son droit de veto à l’ONU dans le conflit syrien.

Le président français François Hollande avait estimé avant le vote qu’un pays qui opposerait son veto à la résolution française « serait discrédité aux yeux du monde ».

A New York, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a dénoncé « les crimes de guerre » perpétrés par le « régime syrien et ses soutiens » contre des hôpitaux et des écoles à Alep où vivent plus de 250.000 habitants dans les quartiers assiégés depuis plus de deux mois.

Le régime de Bachar al-Assad « a confirmé avec une brutalité inouïe son objectif. Objectif qui n’a rien à voir avec la lutte contre le terrorisme, l’objectif c’est la capitulation d’Alep », a-t-il affirmé. « Nous avons tous en mémoire Guernica, Srebrenica, Grozny. Ce qui se déroule à Alep est la répétition de cette tragédie ».

La Russie a elle aussi soumis au vote un texte concurrent, appelant plus généralement à « une cessation des hostilités, notamment à Alep », mais pas à un arrêt des bombardements. Neuf pays, dont la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis l’ont rejeté.

Le Quotidien / AFP